Ces députés RN épinglés pour leur appartenance à un groupe Facebook ouvertement raciste
POLITIQUE – La dédiabolisation du Rassemblement national a du plomb dans l’aile. Le média en ligne Les Jours révèle qu’un groupe Facebook baptisé « Rassemblement national (direction 2027) », auquel appartenaient jusqu’à il y a très récemment 15 députés RN, publie régulièrement des contenus racistes, islamophobes et négrophobes. Sans que ces élus, dont certains proches de Marine Le Pen et Jordan Bardella, n’y trouvent rien à redire.
La teneur des messages ne laisse pourtant aucune place au doute. Exemples : « Retourne dans ton cocotier bamboula » ; « Les chasseurs aiment tuer ? Qu’ils aillent faire un tour dans les cités » ; « Le négro, je lui fais bouffer ses couilles » ; « Allez vous faire enculer bougnoules de merde » ; « Tous les Noirs sont ainsi, il faut les massacrer ». Des propos insultants et d’une violence inouïe, qui comportent bien souvent des appels au meurtre.
Sous le photomontage d’une femme voilée qui se rend aux urnes et qui annonce que le prochain président sera musulman, un membre du groupe écrit : « On les tuera avant ». L’ancienne ministre de la Justice Christiane Taubira et la députée LFI Danièle Obono sont l’une des cibles préférées de ce groupe, injuriées par paquets de « négresse », de « singe » ou de « bonobo ».
Haine, insultes, appels au meurtre…
Cette communauté Facebook réunit aujourd’hui près de 6 500 internautes. Au milieu de posts ouvertement racistes, circulent les messages beaucoup plus polissés de députés RN. L’élu de l’Oise Alexandre Sabatou a par exemple écrit à la mi-juin : « Dernière semaine de campagne ! Êtes-vous motivés pour faire gagner Jordan Bardella ? ». Comment ne pas voir, à côté, des messages haineux et ultraviolents tels que « Rétablissement de la peine de mort, on ne va pas payer l’hôtel à vie pour ce cafard » ou « À mort les négros » ? Pourquoi les quinze députés RN n’ont-ils jamais réagi ? Les Jours rappelle qu’au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale, ils sont dans l’obligation légale de dénoncer ces messages qui tombent sous le coup de la loi.
Certains députés ont même été des participants zélés et compulsifs à ce groupe. Ainsi Alexandre Loubet (Moselle) a-t-il publié plus de 80 messages en un an, quand son collègue Alexandre Sabatou en a écrit pas moins de 30. D’ailleurs, ils ont tous les deux obtenu des badges de la part du réseau social, censés féliciter leur fidélité au groupe. « Meilleur contributeur » pour l’un, « contributeur en vogue » pour l’autre.
« Vive le RN »
Les liens avec la formation dirigée par Jordan Bardella sont nombreux. « Seul le RN sera capable de régler le problème », écrit une internaute au milieu de contenus ultraviolents et haineux. « Notre belle France ne doit pas subir la montée de l’islam. Vive le RN », s’insurge un autre. Autre exemple : « Je nourris beaucoup d’espoir sur Marine Le Pen et Jordan Bardella. Eux seuls peuvent rendre à la France sa splendeur d’autrefois. Avant que notre pays ne soit contaminé par tous ces Arabes ! ».
Contactés par Les Jours, peu de parlementaires ont expliqué les raisons de leur présence sur ce groupe. Philippe Ballard (Oise) rejette la faute sur ces assistants parlementaires en assurant que ce sont eux qui sont chargés de « partager occasionnellement les contenus ». La députée RN de l’Oise Claire Marais-Beuil révèle avoir alerté Facebook après avoir été contactée par le média en ligne. Sur les 15 élus, 9 ont quitté le groupe en amont de la publication de l’enquête. Précision importante, il s’agit d’un groupe privé, qui nécessite une validation par son administrateur pour l’intégrer.
Ces révélations ont fait réagir le monde politique, à l’exception notable des dirigeants du RN. Le député La France insoumise Thomas Portes a annoncé avoir saisi « la procureure de la République de Paris au titre de l’article 40 pour appel au meurtre, provocation à la haine raciale et injures à caractère raciste ». « L’extrême droite et son idéologie raciste doivent être mises hors d’état de nuire », commente-t-il. « Derrière les cravates, toujours racistes, toujours violents. Même dissimulée, l’extrême droite reste l’extrême droite ! », affirme aussi le coordinateur de LFI Manuel Bompard. « Des députés RN racistes, qui est surpris ? Il est temps de réagir », alerte enfin l’Insoumis Antoine Léaument.
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