Cette image de la gauche rassemblée à Dunkerque est parlante pour ce qu’elle ne montre pas
POLITIQUE – Ils sont venus, ils sont tous là. Mais pas sur la même photo. Plusieurs dirigeants de gauche se sont rendus sur le site d’ArcelorMittal à Dunkerque, ce jeudi 1er mai au matin, pour participer à une manifestation en soutien aux sidérurgistes menacés par un plan de suppression de plus de 600 postes.
Devant les caméras, Marine Tondelier, Olivier Faure et François Ruffin ont fustigé le « patronat prédateur » et défendu « la capacité pour l’État à nationaliser, de manière temporaire ou définitive. » « Il faut une intervention de l’État, de l’Europe. Ce qui nous réunit, c’est une gauche unie sur le fond », a notamment insisté le député de la Somme, ancien proche de La France insoumise maintenant membre du groupe écolo à l’Assemblée.
L’occasion de mettre la pression sur le gouvernement, donc, pour qu’il intervienne auprès du sidérurgiste. Mais également, pour ces figures de proue unionistes, de louer le principe d’un rassemblement large de la gauche à la présidentielle de 2027 en affichant une sorte de front commun sur un sujet emblématique. Vraiment ?
Bande à part
« La gauche est toujours unie, elle doit toujours l’être dès lors qu’il s’agit de défendre le travail salarié, de défendre celles et ceux qui ont besoin de nous », a par exemple insisté le premier secrétaire du PS, aux côtés de Marine Tondelier ou François Ruffin, et juste devant ses deux concurrents internes Boris Vallaud et Nicolas Mayer-Rossignol, eux aussi de la partie. Une image relativement rare, c’est vrai.
Pourtant, cette photo illustre aussi très bien les profondes divisions qui parcourent la gauche à deux ans de l’élection présidentielle. Ces mêmes divisions qui rendent la tâche des unionistes particulièrement difficile. Pour cause : plusieurs élus insoumis (dont la présidente de la commission des Affaires économiques, Aurélie Trouvé) étaient également présents dans le cortège et aux côtés des salariés, mais pas en compagnie de leurs partenaires.
Sur le fond, les insoumis défendent le même principe de reprise en main des hauts fourneaux d’ArcelorMittal par l’État, n’hésitant pas à réclamer leur « nationalisation. » Sur la forme, ils n’ont pas pris part à la photo de groupe avec les écologistes, socialistes et consorts, restant à bonne distance.
Selon l’AFP, la direction du mouvement mélenchoniste assure avoir découvert l’initiative commune d’un déplacement commun à Dunkerque mercredi soir, quand les chefs écologiste, communiste et socialiste ont publié (avec François Ruffin notamment), un communiqué partagé pour appeler au soutien des salariés et à la manifestation ce jeudi. Signe de la sensibilité du sujet : le député Génération·s Benjamin Lundy, qui a cosigné l’appel avec la gauche hors-LFI, a choisi de se montrer un peu avec les deux groupes.
Au-delà de ces questions d’organisation, force est de constater qu’un cortège commun paraissait quoi qu’il en soit difficilement envisageable entre des responsables, chez les insoumis et au Parti socialiste entre autres, qui s’invectivent régulièrement en public. Derrière le cliché de l’unité, la gauche reste divisée, même en manif.
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