Politique

Cette mise en scène de Dati en éboueuse irrite ses rivaux de gauche

« Ah c’est à vous ? Je vais vous la vider », lance Rachida Dati à un riverain qui vient de sortir sa poubelle. La maire du VIIe arrondissement et ministre de la Culture fait feu de tout bois depuis quelques semaines avec comme horizon les élections municipales de mars prochain. Et tant pis si la ficelle est grosse et populiste. L’édile s’est récemment embarquée avec les éboueurs de la capitale, dans leur camion-benne, pour une tournée de ramassage.

Une mise en scène de terrain, pour contrebalancer sans doute avec l’image d’une édile friande de bijoux de luxe, qui a évidemment été immortalisée façon caméra embarquée, et publiée sur X. Rats, cadence, paperasse, matériel…

Vêtue d’un anorak jaune fluo, parfois debout sur la passerelle, Rachida Dati multiplie les échanges avec les agents, promettant qu’elle sera la maire de la propreté « sept jours sur sept et 24 heures sur 24 ».

Une séquence qui sans surprise indigne la gauche. Le chef de file des écologistes à Paris, David Belliard étrille le coup de com’ populiste de Rachida Dati en rappelant que Donald Trump lui aussi s’était livré à une prestation similaire, en enfilant l’anorak orange d’éboueurs américains en 2024.

« Attention ! De faux éboueurs se présentent actuellement chez vous »

Le candidat PS Emmanuel Grégoire fustige longuement, ce samedi 22 novembre, « de la démagogie à l’état brut », alors que des agents publics se voient « transformer » en « figurants ». « Les femmes et les hommes qui se lèvent à 4 heures du matin pour nettoyer nos rues ne sont pas des accessoires de campagne » cingle-t-il. Oubliant peut-être un peu rapidement que lui-même (comme d’autres) s’est affiché sur les réseaux sociaux en 2014, en tenue d’éboueur ? « Effectivement, depuis plus de 10 ans aux côtés des agents de la ville, notamment aux ressources humaines. Et pas uniquement en période électorale donc », a-t-il répliqué, comme pour signaler que sa photo a été prise six mois après les municipales d’alors.

« Attention ! De faux éboueurs se présentent actuellement chez vous pour distribuer des calendriers. Ne leur donnez pas d’étrennes. Soyez vigilants », s’amuse de son côté la sénatrice socialiste Laurence Rossignol. « Impatient de voir le moment où elle explique pourquoi elle défend le report de l’âge légal du départ à la retraite des éboueurs et le gel de leur rémunération… », s’agace de son côté plus sérieusement Maxime Sauvage, Premier secrétaire de la fédération PS à Paris, en référence à la grève des agents de propreté de la ville en 2023 au moment du débat sur la réforme des retraites. À cette époque, c’est la députée insoumise Mathilde Panot qui avait enfilé la tenue jaune et verte aux côtés d’éboueurs parisiens.

Quand Dati découvre le tunnel des Halles

Pas de quoi sans doute perturber la campagne de Rachida Dati dont la méthode caméra embarquée est désormais rodée. Il y a quelques jours, la ministre s’était rendue dans un tunnel délabré près des Halles où dit-elle règne l’insécurité et où des personnes toxicomanes errent dans le dénuement.

Là encore, échanges de vive voix, tapes affectueuses sur l’épaule, et étrillage en règle du bilan de l’actuelle majorité municipale. « Elle n’en a tellement rien à faire des gens qu’elle est capable de les exploiter et de les mettre en scène sur ses réseaux sociaux », a répliqué sur Instagram Anne Claire Boux, adjointe à la maire de Paris en charge des questions de santé, accusant les troupes de Rachida Dati d’avoir encouragé à la fermeture du centre qui abritait ces usages de drogues.