Politique

Ciblée du RN au MoDem, la commission Bétharram réfute tout « procès politique » de Bayrou

POLITIQUE – Y a-t-il eu une « volonté de chasse à l’homme », comme l’a dit François Hollande ? A-t-on assisté à « l’instrumentalisation d’un drame pour coller une balle au Premier ministre », comme le pense Sébastien Chenu ? L’audition de François Bayrou le 14 mai par la commission d’enquête sur les violences commises en milieu scolaire a fait couler beaucoup d’encre.

Pendant plus de cinq heures, le Béarnais a été sur le gril des deux co-rapporteurs Paul Vannier (LFI) et Violette Spillebout (Renaissance), mis face à ses contradictions, ses atermoiements voire ses omissions dans ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire Bétharram, du nom de cet établissement scolaire catholique au sein duquel des violences physiques, morales et sexuelles ont été commises pendant des décennies.

Au cours de l’échange, et donnant l’impression de refuser de répondre sur le fond, François Bayrou a attaqué le fonctionnement de la commission et sa composition. Il s’en est également pris personnellement à Paul Vannier, l’accusant de ne pas « être de bonne foi » et de « déformer la vérité ». « Je connais votre méthode », a-t-il plusieurs fois répété.

« Stalinisme »

Dès lors, de nombreuses figures de la droite et de l’extrême droite ont volé au secours du Premier ministre et dénoncé, à gros traits, ce qu’elles estiment être un procès politique. « Cette façon de traiter les gens est assez dégueulasse », s’est emporté le député MoDem Marc Fesneau, très proche de Bayrou, sur Radio J ce jeudi 15 mai. Selon lui, ce à quoi la commission s’est livrée, « c’est du stalinisme ». L’ex-ministre de l’Agriculture va jusqu’à évoquer « un procès à charge » .Ce qui ne correspond évidemment pas à la réalité : une commission d’enquête n’a pas les attributions d’une audience judiciaire. Il n’y a ni accusé, ni prévenu, et encore moins de sanction prononcée. Les auditions, qui peuvent parfois être animées, sont faites pour nourrir un rapport final. « Il faut qu’on arrête avec les commissions d’enquête à l’Assemblée nationale parce qu’on en fait des objets politiques permanents », regrette Marc Fesneau.

« C’est un naufrage », croit aussi savoir le député RN Sébastien Chenu, dont le parti est très discret sur l’affaire Bétharram, sans doute par souci de ménager l’enseignement catholique. « Cela me semble d’une indécence totale », selon ce proche de Marine LLe Pen qui explique : « Cette audition m’a mis assez mal à l’aise parce que pour moi, elle ressemblait davantage à un procès de Moscou ».

Violette Spillebout et Paul Vannier ont dû rappeler qu’ils ne font qu’exercer leur mission de parlementaires et que cette commission est parfaitement encadrée par le règlement de l’Assemblée nationale. En outre, si l’audition de François Bayrou fait tant parler du fait de son rôle de Premier ministre et de ses indéniables répercussions politiques, les deux co-rapporteurs ont interrogé d’autres acteurs politiques (Najat Vallaud-Belkacem, Élisabeth Borne, Xavier Bertrand…) Avec le même type de questions.

« L’objectif de notre commission n’est pas de faire le procès de François Bayrou mais bien de rechercher des responsabilités politiques et générales Les Français ne veulent pas que cette commission vire au duel ou au procès politique », a tenté de rassurer Violette Spillebout en conférence de presse. « Ni l’outrance, ni la violence, ni les agressions du Premier ministre ne me feront renoncer à ma tâche : identifier les dysfonctionnements dans le contrôle des violences et protéger tous les enfants de notre pays », a aussi défendu Paul Vannier. Lequel a reçu le soutien de nombreux cadres de La France insoumise depuis les critiques violentes nées à droite et à l’extrême droite.

« Le Premier ministre inverse les rôles », regrette le PS

« Pour masquer les mensonges de Bayrou, la meute médiatique est au travail pour salir la commission d’enquête à travers son rapporteur Paul Vannier. De Hollande à Chenu, l’arc anti-républicain se joint à cette entreprise de sauvetage du soldat Bayrou », a ainsi estimé le coordinateur du mouvement Manuel Bompard. « Cette audition de François Bayrou est un naufrage. Le Premier ministre inverse les rôles et accuse la commission de mal travailler. Le simple fait de lui poser des questions, il le vit comme une agression », a aussi indiqué la députée socialiste Colette Capdevielle à la sortie de la discussion.

Présidente de la commission des affaires culturelles, qui chapeaute la commission d’enquête, l’élue socialiste Fatiha KKeloua Hachi a affirmé sur RTL que l’audition du chef du gouvernement était « indispensable » aux travaux de l’instance et assuré que « la seule boussole » des députés impliqués demeurait « la parole des victimes ».

Violette Spillebout a tout de même dû reconnaître que le Premier ministre avait été « bien plus respectueux » avec elle qu’avec Paul Vannier, « qu’il a attaqué pour sa malhonnêteté ». Avant d’ajouter : « Je ne fais pas un travail de parti politique dans cette affaire, je suis une députée intègre et indépendante. Nous utilisons des pouvoirs constitutionnels à extrêmement bon escient pour les mettre au service des victimes ». Pas exactement la définition du « procès de Moscou » brandi par ceux qui volent au secours du Premier ministre.

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