Cité en plateau, l’économiste Gabriel Zucman répond directement à Emmanuel Macron
POLITIQUE – Emmanuel Macron n’est pas très fan des taxes sur les plus riches. Celui qui a supprimé l’ISF dès 2017, le remplaçant par un impôt sur la fortune immobilière, l’a redit sur le plateau de TF1 le mardi 13 mai. Une nouvelle taxation n’aurait de sens, dit-il, que « si elle est mondiale ». « C’est pour ça que je me suis battu avec les présidents Lula et Biden à l’époque, pour la faire au niveau de l’OCDE », assume-t-il, jugeant illusoire de croire que « les gens vont gentiment rester pour être taxés » si elle n’était appliquée qu’en France.
L’Assemblée nationale a justement voté en février la taxe « Zucman », un impôt plancher de 2 % sur le patrimoine des ultrariches, inspirée des travaux de l’économiste français Gabriel Zucman. La droite et le centre s’y étaient opposés, alors que le RN s’était abstenu, permettant à la gauche d’enregistrer une victoire importante.
Référence a beaucoup été faite à l’économiste hétérodoxe lors de l’émission de TF1. Lequel a directement répondu au Président sur X. « Bonsoir Emmanuel Macron, je travaille sur ce sujet depuis longtemps et ce que vous venez de dire sur l’imposition des ultra-riches m’interroge », a écrit Gabriel Zucman, entamant ainsi la discussion. Puis : « Le risque d’exil fiscal que vous pointez mérite d’être pris au sérieux. La meilleure façon de le faire, c’est de partir des études sur le sujet. Or leur conclusion est unanime : l’exil fiscal en réponse à l’imposition de la fortune est un phénomène négligeable ».
« Discours alarmiste pour bloquer toute évolution »
Études à l’appui, il montre « qu’un impôt sur la fortune au taux de 1 % sur les hauts patrimoines provoque le départ à long terme de… moins de 2 % des contribuables concernés ». D’ailleurs, la fuite de ces 2 % contribuables qui préféreraient quitter la France pour échapper à l’impôt, en plus d’être faible, aurait des effets économiques encore plus négligeables sur la vie du pays. Gabriel Zucman prévoit ainsi « une baisse de 0,05 % de l’emploi total et de 0,07 % de l’investissement total ».
« Même conclusion au Royaume-Uni : l’exil fiscal n’est pas nul, mais il est considérablement plus faible que dans les discours alarmistes sur le sujet, qui instrumentalisent la question (sans aucun fondement factuel) pour bloquer toute évolution », assure-t-il. Poursuivant : « On ne peut pas sérieusement agiter cet épouvantail ». Ce que venait précisément de faire Emmanuel Macron qui, demandant à la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet si elle connaissait des riches qui accepteraient de rester en France si « une taxe sur les patrimoines de plus de 100 millions d’euros » était mise en place, lui a lancé : « Présentez-les-moi, sincèrement présentez-les-moi ». Parfois, il vaut mieux écouter les économistes qui connaissent leurs dossiers.
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