Politique

Comment Béchu justifie le nouveau recul de l’État sur les ZFE

POLITIQUE – Dispense pour bon comportement. Les métropoles de Marseille, Strasbourg et Rouen pourront choisir de laisser circuler les véhicules Crit’Air 3 dans leurs ZFE au-delà du 1er janvier 2025, a annoncé mardi 19 mars le ministère de la Transition écologique, vantant l’amélioration de la qualité de l’air.

« La bonne nouvelle, ce n’est pas qu’on ne va pas interdire. C’est que la qualité de l’air s’améliore de façon notable », a défendu Christophe Béchu sur TF1 ce mercredi 20 mars.

Mais ce n’est pas le seul argument du ministre de la Transition écologique, qui justifie également sa décision par une volonté d’apaisement de la colère des automobilistes « On nous disait que ça allait devenir des zones de fortes exclusions, que si on avait aimé les “gilets jaunes”, nous allions adorer les ZFE », avait souligné Christophe Béchu mardi lors d’un point presse mardi.

À Marseille, Strasbourg et Rouen, la concentration en oxyde d’azote est passée sous les 40µg/m3, soit le seuil réglementaire retenu au niveau européen. En vertu de la loi d’orientation des mobilités de 2019, elles n’auront plus à interdire les voitures diesel de plus de 14 ans et les voitures à essence de plus de 19 ans au 1er janvier 2025.

À cette date, ces restrictions de circulation strictes ne s’appliqueront plus que dans deux grandes villes, Paris et Lyon. Un peu plus de 1,5 million de véhicules sont concernés en tout, dont 1,3 dans la région parisienne. Les 41 autres métropoles pourront choisir d’autoriser la quasi-totalité des véhicules à circuler, à l’exception de ceux immatriculés avant 1997.

Rouen se félicite, Strasbourg pas d’accord

« Notre travail a payé », a salué le maire de Rouen qui voulait absolument éviter cette interdiction sur son territoire, où les Crit’Air 4 et 5 sont déjà interdits.

À Strasbourg en revanche, « le calendrier reste le même », a indiqué à l’AFP Alain Jund, vice-président de l’Eurométropole chargé des mobilités. L’agglomération pratique déjà une interdiction « pédagogique » depuis le 1er janvier 2024. « Il ne faut pas jouer au yo-yo chaque année, il faut maintenir un cap. On regrette le yo-yo du gouvernement », a-t-il déploré. Il ne faut « surtout pas baisser les bras, mais au contraire poursuivre ces politiques publiques », a-t-il souhaité.

La métropole d’Aix-Marseille-Provence avait, elle, déjà annoncé début février que l’extension de la ZFE était reportée « sine die ».

Si la qualité de l’air ne cesse de s’améliorer depuis le début des années 2000 en France selon Christophe Béchu, elle « n’est pas encore à un niveau satisfaisant », a-t-il déploré. Chaque année, elle est responsable de 40 000 décès prématurés par an, selon Santé Publique France, et elle aggrave certaines pathologies comme l’asthme. D’ici à la fin de la décennie, les normes de pollution seront également abaissées en Europe pour passer de 40 µg/m3 de d’oxyde d’azote à 20 µg/m3.

« On doit continuer à faire des efforts », a rappelé le ministre. À ce stade, un peu moins de la moitié des 43 agglomérations concernées par les ZFE sont sous ce seuil, qui entrera en vigueur en 2030.

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