Politique

Comment LR justifie son « soutien » à Dati à Paris tout en réclamant son exclusion

POLITIQUE – Paris vaut bien une contorsion politique ? Non content de se déchirer sur leur participation au gouvernement Lecornu, les Républicains doivent en même temps gérer le cas Rachida Dati. Car celle qu’ils ont investie en août pour les municipales dans la capitale fait partie des frondeurs reconduits dans l’équipe ministérielle et désormais sous le coup d’une procédure d’exclusion. Une crise dans la crise.

Othman Nasrou s’est montré très clair ce lundi 20 octobre sur Sud Radio : pour lui, « on ne peut pas en tant que LR être dans ce gouvernement. » En tant que secrétaire général du parti, il a donc lancé la procédure d’exclusion des rebelles. « J’ai adressé un courrier aux six ministres pour leur demander des explications (et) s’ils maintiennent leur participation », a-t-il expliqué. Une fois ce « contradictoire » reçu, le parti prendra « une décision définitive ».

Parmi les destinataires, se trouve Annie Genevard ou Vincent Jeanbrun mais aussi Rachida Dati, maintenue au ministère de la Culture. Embarras chez LR, sur le point de virer sa candidate dans la capitale ? Nullement, assure-t-on. « Ce sont deux choses différentes », balaye Othman Nasrou. « Il nous arrive de soutenir des gens qui ne sont pas chez les Républicains. C’est le cas à Lyon », tente-t-il.

LR, soutien forcé

L’argument est bancal, car les situations ne sont pas les mêmes. Dans la capitale des Gaules, LR soutient bien Jean-Michel Aulas mais il ne l’a pas investi. L’ancien président de l’OL se présente sans étiquette et a d’ailleurs aussi reçu le soutien de Renaissance.

Qu’importe, Othman Nasrou persiste. « Ça n’a rien à voir. La participation au gouvernement est un problème par rapport aux orientations qui désormais sont prises. (…) Sur l’échelon local, c’est totalement différent », juge-t-il. Et le secrétaire général de sortir son deuxième argument : « Notre responsabilité à Paris c’est de sortir la gauche de l’Hôtel de Ville parce que cette gauche-là a ruiné la ville, financièrement, en matière de sécurité, de propreté. Ce sont deux choses très différentes. Les gouvernements, ce n’est pas les élections municipales. À Paris nous avons une responsabilité. Nous verrons si nous pouvons y arriver », assume-t-il.

La fin justifie donc les moyens… Surtout quand il n’y a pas de plan B. Car selon un proche du président Bruno Retailleau cité dans Le Parisien, la droite n’aurait en réalité pas d’autre candidat susceptible de l’emporter.

L’équation est d’autant plus délicate que Rachida Dati n’est pas encore certaine de pouvoir compter sur le soutien du parti présidentiel. Selon Politico, Gabriel Attal doit trancher « dans les prochains jours » mais en interne, la ministre de la Culture ne fait pas l’unanimité. L’ancien ministre macroniste Clément Beaune s’est dit « prêt » à se présenter dans la capitale où Pierre-Yves Bournazel est déjà en campagne pour le parti d’Édouard Philippe. Tout comme Rachida Dati, pas plus effrayée que ça par des menaces d’exclusion qu’elle connaît (et ignore) depuis 2024.