Politique

Coup de fil à 5h puis tension à l’Élysée… Comment Bayrou a forcé les portes de Matignon

POLITIQUE – Matin pour aimer, maudire ou mépriser ? Emmanuel Macron a nommé François Bayrou Premier ministre ce vendredi 13 décembre, après une dernière phase de doutes et au terme d’un délai qu’il a plusieurs fois reporté. Le maire de Pau est maintenant chargé de « former un gouvernement », selon le communiqué lapidaire de l’Élysée publié peu avant 13 heures.

Cette fois-ci, pas de surprise. Le centriste, artisan de la victoire d’Emmanuel Macron en 2017, était favori depuis l’adoption de la motion de censure à l’Assemblée nationale, et la chute de Michel Barnier il y a une semaine. À 73 ans, le président du MoDem, cité à chaque remaniement ou presque, accède aux fonctions dont il a toujours rêvé.

Pourtant, son sort a failli basculer ces dernières heures. Selon plusieurs médias, le président de la République a hésité, même dans cette dernière ligne droite, avec les autres prétendants au poste, les macronistes Sébastien Lecornu ou Roland Lescure et l’ancien socialiste Bernard Cazeneuve. Au point de rayer son nom un court laps de temps.

A 5 heures, Macron prévient Bayrou qu’il rate le coche

Jeudi 12 décembre. Le président de la République écourte sa visite en Pologne, pour regagner la France en début de soirée et travailler à la nomination de son Premier ministre. Tant pis pour la visite du musée de Varsovie. Le délai de 48 heures qu’il a évoqué aux partis politiques expire, et les jours sans gouvernement légitime s’égrainent, loin de la promesse de promptitude faite par son entourage après la chute de Michel Barnier.

Un retour précipité pour écourter le suspense ? Et nommer son fidèle allié, dont le nom s’affiche depuis plusieurs jours dans les médias et sur les bandeaux des chaînes d’infos ? Lui qu’il a reçu en tête à tête à l’Élysée à plusieurs reprises depuis la chute de Michel Barnier ? Que nenni. Le palais indique à la presse que l’annonce est décalée à vendredi matin. Les rumeurs continuent donc de plus belle, notamment autour de l’ancien ministre Roland Lescure.

Quelques heures plus tard, vendredi, François Bayrou reçoit un appel du président de la République aux aurores. Selon Le Monde et France télévisions, il est 5 heures quand Emmanuel Macron prévient le président du MoDem qu’il ne sera pas l’heureux choisi. Il rate la marche encore une fois, après avoir visé le poste à plusieurs reprises, au moment notamment des nominations d’Edouard Philippe en 2017 ou plus récemment Élisabeth Borne et Gabriel Attal. Mais il n’a pas dit son dernier mot.

« La matinée a été très tendue »

Le maire de Pau se rend à l’Élysée vers 8h30 pour un nouvel entretien avec Emmanuel Macron. Celui-ci va durer presque deux heures dans le huis clos de la rue du Faubourg Saint-Honoré. L’échange se passe mal entre les deux chantres du « dépassement politique » et aucun communiqué n’est publié à l’issue. Pour cause, l’hypothèse François Bayrou à Matignon semble à ce moment-là enterrée.

Que se passe-t-il ensuite ? « La matinée a été très tendue on ne le cache pas », nous résume un cadre du MoDem sans s’appesantir sur les discussions et les motifs de désaccord. « Il y a eu un laps de temps entre la sortie de François Bayrou de l’Élysée et l’officialisation qui a été insupportable pour beaucoup de gens », précise-t-il. Le premier bras de fer au sein de ce nouveau couple exécutif ?

Au Parisien, une source au fait des tractations assure que « c’est parti très violemment entre les deux. François était en mode : Retiens-moi ou je fais un malheur. Il a menacé de faire exploser la majorité si ce n’était pas lui. » De fait, on imagine aisément le centriste ruer dans les brancards face à une telle désillusion, lui, l’allié historique du président qui a toujours fait entendre sa propre petite musique. Au point de régulièrement menacer le chef de l’État et ses troupes de retirer ses billes de la famille présidentielle.

Fin du suspense à 12 h 45 : François Bayrou est bien nommé à Matignon, annonce l’Élysée dans un communiqué d’une ligne. L’entourage du chef de l’Etat affirme qu’il « s’est imposé » comme « le plus consensuel » des prétendants. Pour sa première réaction comme chef du gouvernement nommé, le Béarnais parle lui un « chemin à trouver » pour permettre la stabilité institutionnelle. Il évoque aussi une figure de l’histoire à laquelle il a consacré plusieurs écrits : Henri IV, ce « roi libre. » Emmanuel Macron est prévenu.

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