Dans l’affaire Bétharram, Bayrou publie « les preuves » censées le blanchir, mais…
POLITIQUE – Même l’opération transparence est un brin opaque. Trois jours après avoir promis, à l’Assemblée nationale, de rendre publics tous les documents sur lesquels il fonde sa défense dans l’affaire Bétharram, le Premier ministre et ses services sont passés aux actes. Ou, du moins, ils ont essayé.
Le site « Bayrou.fr », censé regrouper l’ensemble des « preuves » montrant selon le chef du gouvernement qu’il n’était pas au courant des accusations et faits de violence dans l’établissement catholique du Béarn, est inaccessible ce vendredi 23 mai après-midi. Un mot de passe est requis pour accéder aux documents mis en ligne en début de journée.
Souci technique ? Rétropédalage de François Bayrou, ou de Matignon ? Attaque informatique ? Contacté par Le HuffPost, le cabinet du Premier ministre n’a pas donné suite. La plateforme a pourtant été accessible tôt dans la journée, comme le montre l’outil permettant de consulter les pages web archivées.
« Pour que chacun puisse vérifier (sa) bonne foi et (sa) probité »
Sur ce site, les documents sont regroupés selon les « accusations » qu’ils sont censés démonter. Par exemple : « François Bayrou a menti à l’Assemblée. » Une démarche, explique le Premier ministre sur la plateforme, « pour que chacun puisse vérifier (sa) bonne foi et (sa) probité » après avoir été « calomnié pendant des mois pour des raisons bassement politiciennes. »
« Quatre mois durant, j’ai été accusé plusieurs fois par semaine par le groupe LFI (la France insoumise) soit d’avoir participé à dissimuler des faits de pédocriminalité (*exploitation sexuelle des enfants), soit de n’avoir rien fait pour les éviter, soit d’avoir menti sur ma connaissance de tout cela. Ces accusations sont offensantes et diffamatoires. Nous avons pu, par chance retrouver les preuves factuelles, indiscutables, de l’inanité de ces accusations », explique-t-il encore en introduction.
Dans ce dossier qui lui colle à la peau, le Premier ministre qui a scolarisé plusieurs de ses enfants dans cet établissement est notamment accusé par la gauche d’avoir été au courant dans le passé, des agissements dénoncés aujourd’hui, et d’être intervenu dans une affaire judiciaire impliquant un religieux de Bétharram accusé de viol. Dit autrement, d’avoir participé à l’omerta autour de cette institution prisée des notables locaux.
Le Premier ministre a démenti fermement à plusieurs reprises, dénonçant encore le 14 mai une « instrumentalisation » politique lors d’une audition sous tension à l’Assemblée. Mardi, dans l’hémicycle, il a estimé que LFI avait « dévoyé » la commission d’enquête « de sa vocation et de son sujet », et a accusé de nouveau une témoin clé de l’affaire Bétharram, Françoise Gullung, d’« affabulation », alors que cette dernière, ancienne enseignante de Bétharram, considère que c’est le Premier ministre qui fait « erreur ». Les documents, ce vendredi, devaient permettre au locataire de Matignon de « clore la polémique », espérait-il. Il faudra encore attendre un peu.
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