Politique

Déçus de la copie Barnier, ces ministres comptent sur l’Assemblée pour un meilleur budget

POLITIQUE – Chambre d’appel. Depuis que le budget concocté par Michel Barnier et les nouveaux locataires de Bercy a été présenté, rares sont les ministres à se réjouir de leur sort. Au contraire, plusieurs d’entre eux font savoir publiquement leur désaccord sur les coupes massives imposées dans leurs crédits, sur fond de dérive budgétaire inédite.

Au point de faire ses cartons ? Pas vraiment. L’adage selon lequel « un ministre se tait ou démissionne », ne semble plus vraiment en vogue. Pour cause, ces responsables gouvernementaux, défaits en première manche, comptent sur une deuxième bataille pour imposer leurs vues, sinon améliorer une feuille de route budgétaire « inacceptable » en l’état.

Ce deuxième théâtre, c’est l’Assemblée nationale. Les débats en commission des Finances, qui ont débutés mercredi, rappellent la singularité du moment : les troupes qui soutiennent le gouvernement sont très minoritaires, et des alliances de circonstances peuvent détricoter à tout moment le projet prévu par l’exécutif. Pour le plus grand bonheur des ministres réfractaires ?

« J’attends de la représentation nationale… »

Dans ce contexte, certains espèrent en tout cas tirer leur épingle du jeu. C’est le cas par exemple d’Agnès Pannier-Runacher. Invitée de la matinale de BFMTV ce vendredi 18 octobre, au lendemain d’épisodes de crues sans précédent en Haute-Loire ou dans l’Ardèche, et à l’heure où les services de prévisions sont pointés du doigt, la ministre de la Transition écologique a enjoint les députés à contrer les coups de rabot prévus.

« Il faut un budget qui soit à la hauteur de la situation. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, je vous le dis très clairement », a-t-elle ainsi indiqué, avant d’ajouter : « j’attends de la représentation nationale de se saisir de ce sujet. Je ne sais pas s’il faut encore attendre des drames pour comprendre qu’investir dans l’adaptation au changement climatique est une absolue nécessité. »

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La ministre, rare membre de l’aile gauche de la macronie au sein d’un exécutif très à droite, met même sa démission dans la balance. « Je me battrais pour ça. Si je n’ai pas les moyens, j’en tirerais les conclusions », a-t-elle expliqué sur la chaîne d’informations, en insistant « le compte n’y est pas, il faut ouvrir les yeux. »

Pour l’heure, le budget de Michel Barnier prévoit des coupes sévères sur les missions qui touchent à l’écologie et à l’adaptation au changement climatique, sur le dispositif MaPrimeRénov par exemple, ou sur le Fonds vert, cet outil qui finance les projets écolos des collectivités depuis 2022. Son enveloppe est réduite de plus de moitié. Message d’Agnès Pannier-Runacher : « Il faut être à la hauteur, on en a absolument besoin. »

Pression sur Barnier ?

Un discours que l’on retrouve, mezza voce, du côté de l’Éducation nationale, où Anne Genetet doit porter une mesure particulièrement impopulaire, la suppression de 4000 postes de professeurs (surtout dans le primaire.) Alors que la gauche et les syndicats ont immédiatement dénoncé une « véritable saignée », la ministre a ouvert la porte à un recul possible… au Parlement.

« Le débat parlementaire n’a pas encore commencé, il peut encore y avoir des évolutions », a-t-elle ainsi indiqué dans La Tribune Dimanche, le 13 octobre dernier. Si elle assure par ailleurs que la moyenne d’élèves par classe sera la plus basse de ces dernières années, Anne Genetet n’a pas manqué de rappeler que « c’est le rôle des parlementaires que de débattre des textes de loi. » Et donc de corriger ce qui ne va pas ?

En réalité, le message de ces ministres semble s’adresser aux députés, certes, mais également à Michel Barnier et ceux qui tiennent les comptes. Comme Didier Migaud, le ministre de la Justice, Agnès Pannier-Runacher a affirmé sur BFMTV encore espérer un changement de pied à Matignon, car « le Premier ministre a été très clair sur l’enjeu de la dette écologique », « il va prendre la mesure du sujet. »

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Quelques jours plus tôt, le garde des Sceaux expliquait lui aussi « faire confiance » au chef du gouvernement pour améliorer la copie initiale, les lettres plafonds de l’ancien exécutif qui prévoient un coup de rabot de 500 millions d’euros Place Vendôme. Ce qui devra intervenir par amendement à l’Assemblée nationale. Sans quoi, « je ne vois pas ce que je ferais encore au gouvernement », a-t-il soufflé, lundi sur RTL. Une façon de mettre la pression, aussi, sur le Premier ministre. Et de quoi braquer un peu plus les projecteurs sur le Palais Bourbon.

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