Politique

Des députés LFI comparent Ruffin à Doriot et au RN après ses critiques sur Mélenchon

POLITIQUE – Représailles massives. L’offensive médiatique de François Ruffin provoque de nombreuses réactions critiques au sein de la France insoumise. Le député de la Somme, qui a rompu avec LFI à l’occasion des dernières élections législatives, cible la formation de gauche radicale dans un livre publié ce mercredi 11 septembre et dans l’opération promo qui l’accompagne.

Dans le Nouvel Obs et sur BFMTV, François Ruffin estime que le mouvement mélenchoniste se fourvoie en ne concentrant ses forces qu’à l’attention des quartiers populaires. Il accuse la France insoumise de reproduire la stratégie Terra Nova (se détourner des ouvriers et employés) mais « avec le ton du NPA », parle de « désaccord moral et électoral », et égratigne « l’amertume et le mépris » de Jean-Luc Mélenchon à l’égard de la France des campagnes.

À tel point, explique l’élu picard dans son ouvrage, qu’il a dû mener à regret une campagne « au faciès » lors des législatives 2022. Comprendre : aisée dans les quartiers populaires, avec le visage du fondateur de la France insoumise sur les tracts, « auprès d’un noir ou d’un arabe », mais bien plus difficile auprès des « blancs ».

« Fantôme de Doriot »

Une diatribe qui entraîne la riposte groupée de plusieurs élus de la France insoumise ce mercredi après-midi. Outre les députés qui se disent « dégoûtés » du discours de leur ancien compagnon de route, ou « soulagés » de voir le parlementaire siéger dans un autre groupe, celui des écologistes, certains vont jusqu’à le rapprocher… de l’extrême droite.

Le député du Nord Aurélien Le Coq accuse par exemple François Ruffin de « recracher les éléments de langage du Rassemblement national ». Sa collègue Julie Garnier évoque pour sa part le député de la Somme comme le « fantôme de [Jacques] Doriot », ce dirigeant communiste (exclu du PCF en 1934) devenu partisan zélé de la collaboration, au point d’avoir lui-même combattu sous l’uniforme nazi.

Pour rappel, la députée Sophia Chikirou s’était déjà risquée à cette référence historique hasardeuse il y a un an, presque jour pour jour, en dressant un parallèle entre Fabien Roussel et Jacques Doriot. Un message relayé à l’époque par Jean-Luc Mélenchon sur les réseaux sociaux.

La députée de Paris s’était alors attiré les foudres du Parti communiste, lequel accusait cette proche du fondateur de la France insoumise de « contribuer ainsi à minimiser les théories défendues par tous les collaborationnistes du régime nazi […] au moment même où les extrêmes droites travaillent partout, en Europe et en France, à habiller leurs projets d’une dangereuse respectabilité ».

Derrière ces échanges acrimonieux avec François Ruffin, on retrouve le désaccord stratégique (et donc « moral ») qui l’oppose à Jean-Luc Mélenchon depuis plusieurs mois. Le premier souhaite s’adresser aux classes populaires des villes, des quartiers, mais également de la France des sous-préfectures. Le second estime que l’effort doit être mis sur ce qu’il appelle le « quatrième bloc », les abstentionnistes dans la jeunesse et les quartiers populaires. En creux : la question du plan de bataille – et du chef – pour les prochaines élections.

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