Politique

Divisées, les troupes d’Attal échouent à faire retoquer la loi simplification, coup dur pour Macron

POLITIQUE – La pièce a fini par retomber, du mauvais côté pour les macronistes. L’Assemblée nationale a adopté ce mardi 17 juin la loi « simplification », lancée par Bruno Le Maire en 2024 mais largement dénaturée par le Parlement après la dissolution, au terme d’un vote à suspense. Les troupes du président, majoritairement contre, ont échoué à retoquer le texte.

Le projet de loi a effectivement été validé en fin d’après-midi à 275 voix contre 252. La droite et l’alliance RN-ciottistes ont voté pour, comme le MoDem et Horizons. Face à eux, la gauche et les troupes d’Emmanuel Macron – qui espéraient un vote négatif pour repartir de la version du Sénat – n’ont donc pas fait le poids.

C’est un coup dur incontestable pour le chef de l’État et ses soutiens, tant le texte prévu au départ pour simplifier la vie des entreprises s’est transformé au final en une ribambelle de reculs écologiques, propres à remettre en cause le bilan du premier quinquennat Macron en la matière. Parmi eux : la fin des ZFE, ces « zones à faibles émissions », qui excluent certaines voitures polluantes pour lutter contre la pollution de l’air.

Les frondeurs macronistes

Dans le détail, la fronde d’une vingtaine de macronistes aura été fatale à la manœuvre du groupe EPR. Son président, Gabriel Attal, avait effectivement appelé à retoquer le texte d’un bloc. Histoire de repartir de la version du Sénat, plus proche de la philosophie initiale. Mais 22 députés n’ont pas suivi la consigne : 8 ont voté pour, 14 se sont abstenus. Si le collectif avait voté comme un seul homme, le texte aurait donc été retoqué.

Outre la fin des ZFE (dispositif né de la fameuse Convention citoyenne pour le climat), le texte acte également un net recul du « zéro artificialisation nette » (ZAN), dispositif de lutte contre l’artificialisation des sols. Désormais, les collectivités pourront « dépasser jusqu’à 30 % » la limite de surfaces aménageables.

Après le vote, la ministre Les Républicains chargée du Commerce et des PME Véronique Louwagie a défendu un texte « fortement attendu par le monde économique », quand son collègue de la Fonction publique et de la Simplification Laurent Marcangeli (Horizons) a vanté un projet de loi qui « répond à une demande claire : alléger les contraintes administratives qui pèsent sur leur quotidien et freinent leur développement. »

Au contraire, « c’est un texte qui fragilise ce que nous avons construit depuis huit ans », avait déploré la députée EPR Marie Lebec à la tribune, tandis que l’orateur du Rassemblement national Matthias Renault se félicitait, par exemple, d’un projet qui « remet en cause l’écologie punitive. »

Désormais, le texte doit passer devant une commission mixte paritaire, où sept députés et sept sénateurs devront s’accorder sur une mouture commune. Mais le camouflet est déjà conséquent pour Emmanuel Macron, lequel s’était dit, la semaine dernière, « énervé au plus haut point » par la série de détricotages à l’œuvre. Le signe de responsables politiques qui « cèdent à la facilité », avait-il fustigé. Et qui, pour certains, se révèlent une âme de frondeur.