Édouard Philippe met la pression sur Macron avant sa visite en Nouvelle-Calédonie
POLITIQUE – Même pas encore arrivé sur le caillou, la pression sur les épaules d’Emmanuel Macron est énorme. « J’espère que les annonces du président Macron seront à la hauteur de la situation » en Nouvelle-Calédonie, a insisté l’ancien Premier ministre Édouard Philippe (2017-2020), ce mardi 21 mai au soir lors d’une réunion publique à Bayonne, dans les Pyrénées-Atlantiques.
« La situation est terriblement triste et dangereuse. La France, qui a une relation compliquée à son histoire coloniale, a une possibilité de trouver une solution originale, même si c’est plus difficile qu’il y a trois mois », a ajouté l’ancien Premier ministre, alors que le président était sur le point de décoller vers la Nouvelle-Calédonie afin d’y installer une « mission » de dialogue après une semaine d’émeutes inédites en près de 40 ans sur l’archipel.
Travail d’équilibriste
« Ce qui compte le plus en Nouvelle-Calédonie, c’est l’accord politique entre les indépendantistes et les loyalistes. C’est la priorité des priorités », a affirmé le président d’Horizons, en déplacement au Pays basque et dans les Landes de mardi à jeudi.
« L’espace politique de cet accord ne peut pas être en deçà des accords de Matignon, ni au-delà de l’indépendance puisque le peuple calédonien a voté contre » et pour qu’il « fonctionne », « il faudra des perspectives : on ne peut pas, tous les deux ans, tous les cinq ans, se poser la question de savoir si on veut rester ou non dans la République française », a-t-il poursuivi.
« Il faut garder en tête que l’aspiration à l’indépendance et à l’autodétermination du peuple kanak ne disparaîtra jamais. Il faut trouver un accord entre la stabilité dans le temps et cette aspiration qui, si on la nie, sera toujours l’objet de résurgences violentes », a insisté l’ancien chef du gouvernement.
« Inventer le prochain cadre » après les accords de Matignon
Selon lui, depuis le troisième référendum sur l’autodétermination en 2021, « nous sommes sortis du cadre politique » dans lequel vivait la Nouvelle-Calédonie depuis les accords de Matignon en 1988. Ce cadre reposait « sur une forme d’impartialité de l’État, sur l’idée que toutes les évolutions devront être le produit d’un compromis, c’est ça la promesse. »
« Ça ne veut pas dire que l’État n’a pas d’avis. L’État était partie au processus mais devait se placer derrière un voile d’impartialité. C’est ce cadre qui a permis une évolution réelle de 1988 à 2024 dont nous pouvons collectivement être fiers, malgré ce qui se passe aujourd’hui (…) Nous devons inventer le prochain cadre, pour savoir ce que sera la Nouvelle-Calédonie dans les 20, 30, 40 ans », a conclu Édouard Philippe.
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