Emmanuel Macron ne veut pas retirer la Légion d’honneur à Nicolas Sarkozy
POLITIQUE – Peut-on porter un bracelet électronique et une Légion d’honneur ? La question se pose depuis que Nicolas Sarkozy a été définitivement condamné à trois ans de prison dont un ferme pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire des écoutes. Des voix s’élèvent pour que l’ancien président, fait chevalier de la Légion d’honneur en 2005, et élevé au rang de grand-croix, grade le plus prestigieux, en 2007, soit expulsé des ordres nationaux.
En déplacement à Madagascar, Emmanuel Macron l’a formellement exclu ce jeudi 24 avril. « C’est très important que les présidents et anciens présidents soient respectés. Le président que je suis, en tant que grand maître, ne prendra aucune décision de ce type », a-t-il déclaré. Ajoutant que Nicolas Sarkozy a été « élu par le peuple souverain » et qu’il « mérite le respect ». « Il a mon respect, je crois qu’il a celui du peuple français, a poursuivi l’actuel locataire de l’Élysée. De là où je suis, je pense que ce ne serait pas une bonne décision ».
Pourtant, un devoir d’exemplarité s’impose aux médaillés de la Légion d’honneur, créée en 1802 par Napoléon, comme le souligne Le Monde. Il existe ainsi plusieurs peines disciplinaires qui peuvent être prises contre ceux qui ne se montreraient plus dignes de porter la Légion. Sont normalement « exclues de l’Ordre, les personnes condamnées à une peine d’emprisonnement sans sursis égale ou supérieure à un an ».
La grande chancellerie de l’Ordre est en train d’examiner le dossier de l’ex-chef d’État pour voir ce qu’il est possible de faire. Lors d’une conférence début mars, le général François Lecointre, chancelier de la Légion d’honneur, avait affirmé que le retrait de la Légion d’honneur de Nicolas Sarkozy était « de droit ».
« C’est quelque chose d’avoir été président de la France… »
Son avocat, Patrice Spinosi, assure de son côté que la Légion d’honneur « n’est pas attachée à ses mérites particuliers, mais à la fonction de président de la République qu’il a exercée », et appelle donc à faire la part des choses. Il invite à « séparer l’homme du président ». La décision finale revient néanmoins à Emmanuel Macron.
« Il y a des décisions de justice et le président que je suis n’a pas à les commenter, a déclaré Emmanuel Macron. Je suis le garant de nos institutions et d’une autorité judiciaire qui doit pouvoir agir de manière sereine ». Puis : « Si la marge de manœuvre m’est donnée, je préférerais qu’un ancien Président reste là où il est. C’est quelque chose d’avoir été président de la France. »
Le débat n’est pas nouveau puisqu’en 2018, Bachar al-Assad, coupable d’attaques chimiques en Syrie, s’était vu retirer sa Légion d’honneur. À l’inverse, Gérard Depardieu, accusé de violences et d’agressions sexuelles sur plusieurs femmes, avait été épargné par le même Emmanuel Macron qui expliquait qu’il « n’est pas là pour faire la morale », considérant que l’acteur « rend fière la France ».
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