Politique

En ciblant les « barbares » à Paris, Retailleau pris en étau entre la gauche et le RN

POLITIQUE – « Qui agit avec cruauté, sauvagerie ». Voilà la définition donnée par Larousse du terme « barbare ». Un mot que le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a jugé approprié pour désigner les auteurs des débordements déplorés à Paris, avant même la fin du match ce samedi 31 mai, concrétisant le sacre européen du PSG face à l’Inter Milan.

« Les vrais supporters du PSG sont en train de s’enthousiasmer devant le magnifique match de leur équipe. Pendant ce temps-là, des barbares sont venus dans les rues de Paris pour commettre des délits et provoquer les forces de l’ordre, a-t-il grondé dans un tweet, jugeant insupportable qu’il ne soit pas envisageable de faire la fête sans craindre la sauvagerie d’une minorité de voyous qui ne respectent rien ».

Rien de bien étonnant pour qui se rappelle que Bruno Retailleau affectionne les mots puisés dans le vocabulaire de l’extrême droite identitaire et que l’intéressé a l’habitude d’animaliser certains de ses concitoyens en pointant régulièrement « l’ensauvagement » de la société. Sans surprise, l’expression utilisée par le ministre de l’Intérieur a fait bondir la gauche. « Ce tweet est indigne d’un ministre de l’intérieur républicain. Il faut refuser la violence de ceux qui voudraient gâcher la fête, mais pourquoi utiliser ce vocabulaire : “barbare”, “sauvage”, c’est-à-dire : étranger et quasi animal ? », a déploré le député NFP de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière.

« On peut avoir des désaccords politiques mais le mot barbare n’a rien à faire dans la bouche du ministre de l’intérieur. Bruno Retailleau confirme ce soir qu’il est un ministre de l’intérieur raciste », renchérit son collègue LFI Thomas Portes. Des attaques auxquelles la porte-parole des Républicains, Agnès Evren, a tenu à répliquer. « On ne peut même plus qualifier des casseurs de barbares sans se faire traiter de raciste par LFI ! », dénonce-t-elle, niant toute intention raciste chez Bruno Retailleau (qui avait pourtant pointé les « origines ethniques » des casseurs lors des émeutes de 2023 et blanchi l’ex-député RN Grégoire de Fournas après ses propos tenus dans l’hémicycle à l’encontre du député LFI Carlos Martens Bilongo).

Le RN et le « fiasco » Retailleau

Une sortie polémique parmi d’autres pour le ministre de l’Intérieur mais qui, cette fois, lui vaut également l’hostilité de l’extrême droite. Car pour le Rassemblement national en effet, il revient au premier flic de France de mettre ces « barbares » hors d’état de nuire. D’autant plus si le ministre de l’Intérieur se targue de mettre des mots durs sur ses constats. « Le risque sécuritaire de cette soirée a été manifestement sous-estimé, et le dispositif sous-dimensionné. Paris est livrée aux émeutiers. Bruno Retailleau évoque des “barbares” dans les rues de Paris : nous avons ce soir la démonstration supplémentaire que les mots, même durs, ne remplaceront jamais l’action. Il devra s’expliquer sur ce fiasco », a taclé Jordan Bardella.

« Vivement que Bruno Retailleau devienne ministre de l’intérieur », a ironisé le vice-président du RN Steeve Briois. « Que fait Bruno Retailleau à part parler ? », interroge la députée lepéniste Béatrice Roullaud.

Au total, 5 400 policiers et gendarmes étaient mobilisés pour la soirée à Paris et son agglomération. Ces derniers ont eu recours au canon à eau sur les Champs-Élysées et ont dû évacuer des supporters descendus sur le périphérique alors même que le match se jouait encore. Toujours dans la capitale, une femme est décédée en scooter après avoir percuté un automobiliste. Selon les services de Bruno Retailleau, les débordements ont débouché sur 559 interpellations dans toute la France, dont 491 à Paris.

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