Politique

En plein conclave sur les retraites, le COR recommande de relever l’âge de départ

POLITIQUE – Aux grands maux les grands remèdes ? Le rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR), dont la publication est prévue le 12 juin, propose une potion bien amère. Face à un déficit qui s’envole, et qui atteindra probablement 6,6 milliards d’euros en 2030 selon les projections, l’institution présidée par l’économiste Gilbert Cette (ex-inspirateur du volet économique des programmes présidentiels d’Emmanuel Macron) propose une nouvelle hausse de l’âge de départ à la retraite.

Pas question de toucher au montant des pensions ni au niveau des cotisations sociales, qui pourraient éviter de faire partir les gens un peu plus tard. « Ces voies renforcent les difficultés à financer les dépenses publiques autres que les retraites, à l’instar de l’école, la santé, la sécurité, etc », estiment les rédacteurs du rapport, consulté en avant-première par plusieurs médias.

Au contraire, c’est bien la mesure d’âge qui se révèle efficace aux yeux du COR, instance rattachée à Matignon mais indépendante dans ses appréciations. « Le recul de l’âge de départ aboutit à augmenter l’offre de travail et donc, à terme, l’emploi et le PIB, et en conséquence toutes les recettes fiscales et sociales des administrations publiques au-delà des seuls prélèvements finançant les retraites. Cette voie est expansive et correspond à un enrichissement du pays », peut-on lire. Selon ces économistes d’inspiration libérale, relever l’âge de départ n’a donc pas seulement des effets sur le système des retraites, mais bien sur l’ensemble de l’activité économique.

Dès lors, à quel âge convient-il de fixer le départ à la retraite ? Là aussi, le COR propose des pistes. « Il serait nécessaire de porter cet âge à 64,3 ans en 2030, 65,9 ans en 2045 et 66,5 ans en 2070 », écrit l’institution. Voilà qui devrait faire hurler les syndicats de salariés et la gauche, fermement opposés à cette trajectoire, qui ne cessent de plaider pour un retour à 62 ans, voire 60 ans.

C’est peu dire que ce rapport arrive à point nommé, alors que le conclave lancé par François Bayrou en janvier 2025 pour s’acheter la paix avec les socialistes en arrive à la fin de ses travaux. Les trois syndicats qui restent autour de la table (CFDT, CFE-CGC et CFTC) et les deux organisations patronales (Medef et CPME) arriveront-ils à tomber d’accord ? Pour l’heure, les chances d’un atterrissage unanime semblent minces. Mais sans doute la dernière fournée du COR viendra-t-elle nourrir les discussions et permettre (ou pas) un rapprochement.