EXCLUSIF – Malgré ses incohérences, le RN tire son épingle du jeu aux yeux des Français sur le budget
POLITIQUE – Voilà un sondage qui arrive à point nommé. En plein débat budgétaire, et alors que le vote sur les projets de loi de finance pour 2026 est imminent, une étude menée par YouGov pour le HuffPost révèle que 24 % des Français estiment que le Rassemblement national est le parti politique qui représente le mieux leurs intérêts. Loin devant toutes les autres forces.
Car de ce point de vue là, le parti d’extrême droite plie le match. Derrière, on retrouve le Parti socialiste (9 %), suivi des Républicains (8 %) et de La France insoumise (7 %).
Le jugement des Français à l’égard des socialistes est particulièrement sévère, alors même que les députés PS jouent gros en refusant de censurer Sébastien Lecornu puis en s’engageant dans un processus de compromis avec le gouvernement. « Notre devoir, c’est d’être utiles aux Français, disait encore Olivier Faure il y a quelques jours. Corriger tout ce qui n’est pas acceptable et permettre qu’un budget plus juste voie le jour ». Manifestement, cette stratégie de main tendue au gouvernement n’est pas approuvée par une majorité de Français.
« Ce sondage ne déjuge pas totalement ce que l’on fait, souffle un cadre PS auprès du HuffPost. C’est juste que le chemin est long pour retrouver la confiance des gens ». Selon lui, « le débat parlementaire est un pari risqué, mais ne rien tenter pour aller ensuite à la dissolution semble tout aussi risqué ».
Concernant les macronistes, c’est encore pire. Le camp présidentiel est relégué à la cinquième position dans notre sondage. Seuls 5 % des Français considèrent que le MoDem, Renaissance et Horizons défendent bien leurs intérêts dans le cadre des discussions budgétaires. Qu’importe que le Premier ministre ait fait quelques gestes d’ouverture, en suspendant notamment la réforme des retraites ou en renonçant (pour le moment) au 49-3. À noter tout de même que 25 % des Français interrogés ne font confiance à aucun parti politique pour les représenter dans l’hémicycle. Ce qui en fait le premier choix, devant la préférence pour le RN.
Incohérences et revirements du RN
Sur le fond, le groupe dirigé par Marine Le Pen s’est pourtant illustré ces derniers jours par ses incohérences et ses revirements. Naviguant entre plusieurs eaux, cherchant à contenter des électorats différents, le RN a opéré un tournant libéral qui rend illisible son positionnement global. En février il s’abstenait lors de l’examen de la taxe Zucman dans l’hémicycle, permettant son adoption en première lecture, cette fois il a voté contre. Le RN dénonçait il y a quelques années encore la suppression de l’ISF ? Il ne propose plus de le remettre en place aujourd’hui, et préfère mettre en avant son impôt sur la fortune financière, qui n’a rien à voir.
Fin octobre, la formation d’extrême droite présentait son contre-budget. Un exercice auquel se plie Marine Le Pen tous les ans pour tenter de dissiper les doutes sur sa crédibilité et son sérieux en la matière. Mais qui ne suffit visiblement pas, puisque plusieurs spécialistes avaient jugé que les évaluations présentées ne sont « pas raisonnables ».
Dans leur ensemble, les sondés sont d’ailleurs peu nombreux à vouloir un deal. Seuls 32 % veulent que les discussions débouchent d’ici fin décembre sur un accord. Ils sont plus nombreux à préférer un échec (22 %) ou la censure du gouvernement (20 %). Deux options qui, Sébastien Lecornu l’a fait savoir cette semaine à des sénateurs, entraîneraient son départ et une dissolution. Tout ce que souhaite le RN.



