Politique

Face à la stigmatisation du RN, des maires de Seine-Saint-Denis écrivent aux Français

TRIBUNE – Chères Françaises, chers Français,

Nous, Maires de Seine-Saint-Denis, souhaitons ce jour vous écrire. Nous souhaitons vous écrire, car notre territoire, notre département et nos habitants sont au cœur de la rhétorique de l’extrême droite et de Jordan Bardella. Nous sommes la pure représentation de leur fantasme du grand remplacement. Ils mobilisent constamment chez vous, nos chers compatriotes, la colère et la peur. Peur face à un monde qui est de plus en plus inégalitaire, qui exclut et sur lequel nous avons la sensation de ne pas avoir de prise. Colère face à certains faits divers, événements, montés souvent en épingle. Vous l’avez sans doute entendu comme nous, pour le RN et monsieur Bardella, tout est toujours simple, il faudrait plus d’autorité et toujours moins d’immigrés. En agissant ainsi, il transforme des désaccords sur les choix collectifs à prendre en détestations. Face aux affects, aux discours de l’extrême droite et dans le moment historique dans lequel nous sommes plongés, nous en appelons à votre intelligence. Hannah Arendt a eu ces mots : « S’il cesse de penser, chaque être humain peut agir en barbare ». Alors, humblement, nos chers compatriotes, nous vous conjurons de voter en mobilisant la raison et en faisant barrage à l’extrême droite.

Alors nous allons vous parler de nous. Nous sommes un territoire particulier. Nous jouons un rôle d’accueil international majeur. Nous comptons parmi nous 30 % d’immigrés, soit le taux le plus fort de France et nous vivons bien. Les communautés culturelles, religieuses, se parlent, s’écoutent et surtout se respectent dans leur commune dignité.

Nous comptons parmi nous 30 % d’immigrés, soit le taux le plus fort de France et nous vivons bien.

Mais au-delà, nous sommes contributeurs nets à la richesse nationale, nous produisons plus que nous ne recevons. Cyniquement, on pourrait dire que les ouvriers immigrés de Seine-Saint-Denis financent les retraites des électeurs de Messieurs Bardella et Ciotti. Notre territoire, il fourmille de talents, dans tous les domaines sportifs, culturels, économiques, il parle plus de 160 langues. Il crée chaque année plus de 30 000 entreprises ; l’Économie Sociale et Solidaire, cette économie de la réparation de l’homme et du vivant y est en plein développement. Notre territoire, c’est avant tout une chaîne infinie de solidarité. Face aux difficultés, ses habitants fourmillent d’idées et d’entraide pour vivre mieux.

Chers compatriotes pour un délinquant que vous verrez sur CNews, des centaines de personnes, de militants associatifs, d’entraide et de solidarité seront invisibles médiatiquement. Est-ce que tout est parfait ? Certainement pas. Mais ici se construit la France de demain. Une France qui ne demande rien de plus que l’égalité. Une France de la lutte contre les discriminations, l’islamophobie et l’antisémitisme. Une France qui sait ce qu’est le recul du service public, les bureaux de postes ou les classes qui ferment. Une France qui comme vous souffre d’un manque d’équipements publics, de palais de justice ou d’hôpitaux. Une France qui se lève tôt pour aller nettoyer les bureaux de l’Ouest parisien, les rues, ramasser les poubelles ou livrer des colis. Une France qui invente, innove, construit, dessine le futur.

Le passage à l’acte violent, à la barbarie commence toujours par des mots. Alors aujourd’hui, nous voulons vous écrire pour vous dire que l’heure du choix est venue.

Pour nos habitants, l’arrivée au pouvoir de Monsieur Bardella et de ses affidés est une question de vie ou de survie. Qui ne peut pas voir que, derrière un discours qui se veut policé, se niche la plus crasse des xénophobies ? Le refoulé revient vite au galop lorsque les dirigeants du RN ont à s’exprimer sur la situation de nos compatriotes binationaux. Nous savons que vous avez été choqués par la libération de la parole raciste observée ces derniers jours. Le passage à l’acte violent, à la barbarie commence toujours par des mots.

Alors aujourd’hui, nous voulons vous écrire pour vous dire que l’heure du choix est venue. Malgré les apparences et un débat public trop souvent tronqué en la matière, notre société évolue vers plus de tolérance. Nous savons qu’une majorité d’entre vous, nos compatriotes, partagez notre dessein d’une commune humanité. Nous voulons vous écrire pour vous dire que le métissage produit une rencontre féconde entre des cultures et des imaginaires pour en former de nouveaux. La France, par son histoire, par la nature même de sa construction politique, est une terre d’accueil et de dialogue. Car la France n’est pas une communauté de sang, mais bien une communauté de destin.

Ici se dessine une France que vous ne devez pas craindre car elle est vivante, solidaire et enthousiasmante.

Le 7 juillet, choisissons ensemble ce destin commun, pétris de liberté, d’égalité et de fraternité.

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