Politique

François Bayrou réduit en « commentateur » après sa réaction sur l’accord entre l’UE et les États-Unis

POLITIQUE – Une réaction qui arrive à mettre d’accord la France insoumise, le Parti socialiste, le Rassemblement national et bien d’autres. Ce lundi 28 juillet, après l’annonce de l’accord douanier conclu entre Ursula von der Leyen et Donald Trump, François Bayrou a (comme d’autres avant lui) donné sa lecture de ce projet, avantageux pour les États-Unis. Et autant sur la forme que sur le fond, le Premier ministre s’est attiré les foudres des oppositions.

Car outre une vilaine faute d’orthographe sur le nom de la présidente de la Commission européenne (ce qui n’est jamais du meilleur effet lorsqu’il s’agit de relations internationales), le maire de Pau a donné l’impression de réagir comme le ferait un parlementaire de l’opposition. « C’est un jour sombre que celui où une alliance de peuples libres, rassemblés pour affirmer leurs valeurs et défendre leurs intérêts, se résout à la soumission », a-t-il dénoncé, alors que ses ministres impliqués dans le dossier ont salué la « stabilité temporaire » de cet accord, lequel reste pour autant « déséquilibré » à leurs yeux.

Une analyse formulée comme s’il demeurait loin des affaires du pays qui a littéralement ulcéré les oppositions. « Monsieur le Premier ministre, vous n’êtes pas un commentateur. Votre propre ministre des affaires européennes salue les mérites de cet accord ! », a dénoncé le député socialiste Philippe Brun. « Il y a des tweets qui résonnent comme des aveux d’impuissance. Un Premier ministre de la France ne se contente pas de pleurnicher sur X. Il prend des positions, défend nos intérêts et organise la confrontation avec Ursula von der Leyen au sein de l’Union européenne », a renchéri le premier secrétaire du PS, Olivier Faure.

« Êtes-vous Premier ministre ? »

« Ne pas savoir orthographier correctement le nom de la Présidente de la Commission européenne que vous soutenez pourtant, ni défendre nos intérêts. Êtes-vous Premier ministre de la France ? », interroge directement l’eurodéputée socialiste Chloé Ridel.

Même indignation exprimée par la France insoumise. « Le menteur François Bayrou est aussi un commentateur », a cinglé le député LFI Paul Vannier. « La France doit refuser cette capitulation plutôt que de se comporter comme une bande de commentateurs sans influence », dénonce le coordinateur de la France insoumise, Manuel Bompard. « Il tweete comme s’il n’était pas le chef du gouvernement », tacle pour sa part le député LFI Raphaël Arnault.

Ce reproche en impuissance est également formulé par le Rassemblement national. « Quel éclair de lucidité, il faut absolument partager ces analyses avec le Premier ministre de la France pour qu’il agisse », ironise le député RN Laurent Jacobelli.

Plus largement, la question posée par les oppositions est celle de la capacité de Paris à s’opposer à cet accord jugé déséquilibré. Déjà, parce que ce projet d’accord doit être ratifié au niveau national, et ensuite parce qu’il semble exister des brèches qui pourraient permettre à la France d’attaquer le projet.

C’est du moins ce que note le politologue, et expert des questions climatiques, François Gemmenne, qui souligne sur le réseau social X que l’accord « fait sortir l’Europe de ses objectifs climatiques » en comprenant l’import massif d’énergies fossiles, et que celui-ci s’avère « donc illicite selon la Cour Internationale de Justice ».

Et, qu’à ce titre, un exécutif réellement hostile à la copie rendue par Donald Trump et Ursula von der Leyen, aurait un coup à jouer, en attaquant l’accord. « C’est ici qu’on va voir si François Bayrou est sérieux », prévient le chercheur. Charge maintenant au maire de Pau de sortir de son rôle de commentateur.