François Ruffin et Édouard Philippe s’offrent un duel par blogs interposés
POLITIQUE – Rien ne semble les rapprocher, et cette nouvelle correspondance le confirme. Cette semaine, François Ruffin et Édouard Philippe ont débattu de leurs idées et de leur vision de la France, non pas sur un plateau télé… mais par articles de blogs interposés.
Mardi 11 juin, François Ruffin ouvre le bal, avec un long texte à l’adresse de l’ancien Premier ministre, consécutif à la sortie de son dernier essai Le prix de nos mensonges chez JC Lattès. « Je suis en colère. C’est la première phrase de votre livre, que j’ai lu ce week-end, “Le Prix de nos mensonges”. Eh bien moi aussi, à vous lire, je suis en colère. Contre vous, » écrit-il dans une introduction qui donne le ton.
Sans jamais mâcher ses mots, l’élu de Picardie accuse le maire du Havre de mentir et décortique chapitre après chapitre son livre consacré à l’état du pays et aux solutions imaginées, avec la présidentielle de 2027 en ligne de mire.
Mais surtout, le député l’accuse de garder le silence sur plusieurs sujets, comme la mondialisation : « Les États-Unis (…) bouleversent le train-train commercial. Et qu’en dites-vous ? Rien, » lâche-t-il. Ou encore la concentration des richesses : « “Dividendes”, “actionnaires”, “profits” ne figurent pas dans votre livre. Pourquoi ? Parce que la répartition des richesses dans notre pays, vous n’y toucherez pas, » dénonce-t-il encore. « Vous œuvrerez à l’Élysée comme à Matignon : pour servir les nantis plus que le pays, » assène-t-il pour conclure.
« Je ne dirai pas, moi, que vous mentez »
Des accusations auxquelles Édouard Philippe a souhaité répondre dans un texte, publié ce vendredi 13 juin, dans lequel il affiche à la fois une volonté de dialoguer, mais aussi de réduire à néant les idées de son adversaire. « Je ne dirai pas, moi, que vous mentez, lui rétorque-t-il. Vous êtes sincère, cela se voit et, même, cela se sait. Mais cette sincérité ne justifie pas, qu’une fois encore, comme trop souvent dans notre histoire, vous proposiez d’emmener le pays et nos compatriotes dans l’impasse. »
« Vous pointez les mots qui manquent dans mon livre : je vous renvoie à vos propres silences, » l’accuse-t-il ensuite, lui reprochant de concentrer ses propositions sur la taxation des plus riches et « la haine de la mondialisation, » tout en mettant de côté le travail et l’innovation.
Des gros clivages, quelques convergences
Si François Rufin rejette massivement toutes les idées développées par l’ancien Premier ministre, il assure cependant le rejoindre sur « la proportionnelle inutile » ou sur ses pages consacrées à l’Aide sociale à l’enfance : « J’ai senti une âme vibrer, un esprit humaniste. Enfin, une saine colère, » le complimente-t-il du bout des lèvres.
Dans la même veine, Édouard Philippe glisse quelques flatteries à son concurrent, à qui il donne rendez-vous pour de prochaines échéances électorales, et en qui il voit, « par-delà les divergences fondamentales, un homme attaché à la réussite de son pays. » Tout de même.