Gabriel Attal enfonce le clou de la rupture entre Renaissance et Les Républicains
POLITIQUE – Un inéluctable divorce ? Entre Renaissance et Les Républicains, l’ambiance n’est (vraiment) pas au beau fixe. Ébranlé par des votes différents à l’Assemblée nationale et par les ambitions naissantes en vue de 2027, le « socle commun » semble condamné à l’implosion. Et ce n’est pas Gabriel Attal qui dira le contraire.
Dans une interview au Monde, l’ancien Premier ministre, aujourd’hui patron du parti Renaissance, a des mots durs contre Les Républicains, censés pourtant être des partenaires, et son président, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. « Il s’est opposé à l’inscription de l’IVG dans la Constitution, a refusé d’interdire les thérapies de conversion pour les homosexuels et, dix ans après, continue d’être opposé au mariage pour tous, liste Gabriel Attal. Sur la transition écologique, les LR sont aujourd’hui dans une forme de climato-scepticisme et votent comme le RN sur l’ensemble des questions écologiques ».
À l’entendre, il n’y a « pas de projet de société commun » entre LR et Renaissance, « a fortiori pour une élection présidentielle ». Au contraire du parti de droite, porte-étendard à ses yeux « d’une révolution conservatrice », Gabriel Attal ambitionne « d’être à la pointe des enjeux » du moment. Et de lister « l’environnement, l’intelligence artificielle, l’inégalité des chances ». « Nous avons des divergences profondes sur un certain nombre de sujets », avec Les Républicains, affirme-t-il. « Nous sommes pro-européens, ce que n’est plus la droite de gouvernement ».
Dès lors, quel avenir pour un gouvernement auquel participent des ministres LR, Renaissance, Horizons, MoDem ? L’ex-locataire de Matignon, nommé à seulement 34 ans en 2023, ne croit pas à sa fin. « Le “socle commun”, c’est surtout un point commun : vouloir la stabilité gouvernementale en France. À un moment où tous les pays du monde réforment, avancent, on ne peut pas accepter qu’en France, on ne puisse pas avoir de gouvernement », estime-t-il. Avant d’assurer vouloir que « le gouvernement dure le plus longtemps possible ».
« Je ne renie rien et j’assume tout »
Malgré la relation houleuse qu’il entretient avec Emmanuel Macron, Gabriel Attal ne pronostique pour autant pas « la fin du macronisme », comme l’a fait la porte-parole (LR) du gouvernement Sophie Primas à plusieurs reprises. « Je me reconnais pleinement dans l’intuition fondatrice d’Emmanuel Macron : le dépassement politique. Je ne renie rien et j’assume tout », expose le patron du groupe EPR.
Dans l’optique de la prochaine élection présidentielle, à laquelle il n’exclut pas de participer, Attal propose toutefois un « changement ». « En 2027, la France aura besoin d’un changement profond. Car tout dans le monde a changé depuis dix ans. Et notre défi, c’est que ce changement puisse être incarné par le camp des démocrates, le nôtre, et pas par celui des extrêmes », assure-t-il. Une (presque) déclaration de candidature qui ne dit pas son nom.