Il n’y a pas que la droite qui est choquée par le retrait de la Légion d’honneur à Sarkozy
POLITIQUE – Nicolas Sarkozy a donc perdu sa Légion d’honneur. Une décision rarissime, dont le dernier exemple remonte… au maréchal Pétain. Condamné à trois ans de prison dont un ferme pour corruption dans l’affaire des écoutes, l’ancien président ne pouvait conserver cette distinction honorifique. La décision, prise par le grand chancelier de la Légion d’honneur, le général François Lecointre, ne fait pas que des heureux.
Tout le week-end, la droite a exprimé sa « honte » et sa « colère », et apporté son « soutien » à Nicolas Sarkozy. Oubliant un peu vite que la déchéance de Légion d’honneur est, dans ce cas, automatique et qu’elle vient surtout sanctionner un délit de corruption.
Ce lundi 16 juin, le président du RN Jordan Bardella a lui aussi joint sa voix à ce concert de soutien à l’ancien chef de l’État. « Cette décision me choque », a-t-il expliqué sur RTL. Puis : « J’ai beaucoup de désaccords avec Nicolas Sarkozy qui a également combattu à plusieurs reprises et pendant plusieurs années le Rassemblement national, mais Nicolas Sarkozy a été président de la République ». Ce proche de Marine Le Pen estime même qu’il y a « une volonté d’humilier Nicolas Sarkozy ».
À l’entendre, l’ex-président avait obtenu la Légion d’honneur « au-delà des affaires de justice qui le visent et pour lesquelles il est en train de s’expliquer, dans le cadre de l’affaire Human Bomb ». En effet, en 1993, une prise d’otages avait eu lieu dans une école maternelle de Neuilly-sur-Seine, ville dont Nicolas Sarkozy était alors maire.
Zemmour parle aussi d’une « humiliation »
Mais Jordan Bardella se trompe : ce n’est pas pour son rôle dans cette affaire que le prédécesseur de François Hollande avait reçu la Légion d’honneur. Il avait été distingué en 2004 par Jean-Pierre Raffarin en tant « qu’ancien ministre d’État, ancien député des Hauts-de-Seine, ancien maire de Neuilly-sur-Seine » et pour ses « 24 ans d’activités professionnelles, de fonctions électives et de services militaires ». « On peut combattre juridiquement, politiquement quelqu’un mais je crois qu’il ne faut pas oublier non plus les services qui ont pu être rendus à la France », insiste Bardella.
Un autre leader de l’extrême droite française a volé au secours de l’ancien Président déchu : Éric Zemmour. L’ancien candidat à l’élection présidentielle, invité sur France 3, a repris le même vocabulaire que le patron du RN, assurant ne pas vouloir « qu’une humiliation se rajoute à sa peine ». Le principal concerné a, lui, déclaré prendre acte de la décision et rappelé que la Cour européenne des droits de l’Homme doit encore se prononcer sur son recours dans l’affaire.