Politique

Imitateur, sarkozyste, chat noir… la triple réputation du nouveau bras droit de Macron

POLITIQUE – EM². Le président de la République Emmanuel Macron procède à un changement majeur dans son entourage : Alexis Kohler, son bras droit historique depuis 2017, a quitté le palais présidentiel pour rejoindre la Société générale. Il est officiellement remplacé ce mercredi 16 avril par Emmanuel Moulin.

C’est lui qui va désormais occuper le poste très stratégique de secrétaire général de l’Élysée, et qui aura la tâche de faire oublier « l’ombre » du chef de l’État, parfois qualifié de « vice-président » au cours de ces huit ans rue du Faubourg Saint-Honoré, une longévité presque sans précédent dans cette fonction.

Avant d’accepter cette mission, Emmanuel Moulin, haut-fonctionnaire de 56 ans, Versaillais de naissance, peut se targuer d’un CV impressionnant. Il a notamment été directeur de cabinet du ministre de l’Économie Bruno Le Maire (entre 2017 et 2020), puis directeur du Trésor, le poste le plus prestigieux à Bercy (entre 2020 et 2024), avant de rejoindre Gabriel Attal pour devenir son directeur de cabinet lors de ses neuf mois à Matignon. Voici, en plus de ce palmarès, ce qu’il faut savoir du nouvel homme fort en macronie.

« Sarkozyste » inclassable

Difficile, tout d’abord, d’attacher une couleur politique à cet ancien diplômé de l’ESSEC ou de l’ENA. De quoi le rapprocher de son prédécesseur et de son nouveau patron Emmanuel Macron. Emmanuel Moulin commence ainsi son engagement dans le giron du Parti socialiste dans les années 1980, en président le club Opinions à Science Po. Un cénacle étudiant qui réunissait alors des jeunes rocardiens, dont l’ancien Premier ministre Edouard Philippe et un certain Alexis Kohler.

Mais c’est avec la droite au pouvoir qu’il fait son entrée dans les ministères. Il rejoint Bercy et le cabinet du ministre de l’Économie Jean-Louis Borloo en 2006, puis celui de sa successeure Christine Lagarde, avant de s’installer à l’Élysée pour la première fois, en 2009, comme conseiller économique du président Nicolas Sarkozy.

Lorsque le socialiste François Hollande arrive au pouvoir en 2012, Emmanuel Moulin quitte la scène politique pour pantoufler dans le privé (chez Eurotunnel ou la banque italienne Mediobanca par exemple) et ne revient à Bercy qu’avec la nomination de Bruno Le Maire en 2017. Un parcours qui fait dire au président de la Cour des comptes Pierre Moscovici, que son ancien collaborateur au PS (dans les années 1990) est devenu un « sarkozyste » inclassable.

L’homme des crises

De retour à l’Élysée, Emmanuel Moulin arrive auprès d’Emmanuel Macron avec une réputation… de chat noir. Son parcours, auprès de Christine Lagarde, Nicolas Sarkozy puis de Bruno Le Maire est effectivement marqué par plusieurs crises économiques majeures : celle des subprimes et des faillites bancaires en 2007, celle de la zone euro à partir de 2008, puis celle de la pandémie de Covid en 2020.

C’est lui, comme directeur de cabinet de Bruno Le Maire à Bercy, qui a notamment mis en musique le fameux « quoi qu’il en coûte », suggérant par exemple les prêts garantis par l’État (PGE), comme le raconte l’ancien ministre dans un de ses livres. « Quand j’arrive quelque part, la crise n’est jamais loin », reconnaît même à l’envi le principal concerné (non sans humour), selon des échos de presse au fil des années.

Autre corde à son arc, peut-être plus légère, pour sa nouvelle fonction : il se trouve qu’Emmanuel Moulin est un bon imitateur de personnalités politiques et possède, selon ses proches, un certain don pour imiter les accents, québécois par exemple. À tel point que son amie l’humoriste Sophia Aram l’a proposé au réalisateur du film Neuilly sa mère, sa mère !, en 2009, pour doubler la voix de Nicolas Sarkozy. Lui aussi fait, en quelque sorte, son retour à l’Élysée.

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