Politique

Jadot prend ses distances avec Tondelier sur l’organisation d’une grande primaire à gauche

POLITIQUE – La gauche a le don de se brouiller sur quelque chose qui n’existe pas. Ou pas encore. Bien que la possibilité d’une primaire pour 2027 n’en soit qu’au stade embryonnaire (avec la possibilité qu’elle n’aboutisse finalement jamais), elle suscite déjà des désaccords et des critiques. Le dernier à s’en mêler s’appelle Yannick Jadot.

Dans une interview à Libération, le sénateur écologiste de Paris étrille le grand dispositif censé désigner un candidat unique à gauche en vue de l’élection présidentielle de 2027. « C’est une méthode qui ne peut pas se substituer à une cohérence et donc à une clarification politique », explique l’ancien candidat à l’élection présidentielle (4,6 %), qui appelle à ne pas « faire durer la confusion autour de la formule magique “primaire” » qui, juge-t-il, « nous fait perdre un temps précieux ».

L’ancien député européen prend tout de même soin de préciser que ce n’est pas « la procédure » en tant que telle qui le dérange, « surtout si elle associe les forces vives de gauche et écologistes ». « Ce qui me pose problème, c’est quand on fait croire qu’une primaire rassemblant toute la gauche du NPA à François Hollande en passant par Jean-Luc Mélenchon est possible, expose-t-il. Un tel scrutin serait une primaire de fractures où les perdants ne soutiennent pas la ou le gagnant ». Plusieurs personnalités ont déjà fait savoir qu’elles seraient candidates, comme Clémentine Autain ou François Ruffin.

À entendre Yannick Jadot, si une primaire doit voir le jour, elle doit se concentrer sur ceux qui, proche des socialistes ou des écologistes, partagent un ensemble de valeurs. Ce qui n’est pas le cas des insoumis, selon lui. « J’ai toujours déploré les positions de La France insoumise sur l’Ukraine, Taïwan, l’Europe, les Ouïghours, affirme-t-il. Ce ne sont pas que des divergences sur la Chine et la Russie. Ce qui pose problème, c’est le rapport à la démocratie et à la violence ».

Tondelier refuse de jouer « aux 7 différences » à gauche

Une prise de position diamétralement opposée à la ligne portée par Marine Tondelier. La secrétaire nationale des Écologistes défend mordicus une primaire calquée sur le modèle du NFP en incluant, donc, La France insoumise incluse. « On ne va pas laisser jouer au jeu des sept différences alors que l’extrême droite a déjà franchi le seuil du pouvoir », expliquait-elle encore il y a quelques jours sur France Inter. « Je comprends ce qu’elle veut faire, pour l’avoir tenté aussi », concède Yannick Jadot, qui revient aussitôt à la charge : son parti doit « clarifier » ses relations avec Jean-Luc Mélenchon.

« Laisser la porte ouverte à un rassemblement comprenant LFI, c’est sans cesse se demander s’il va en être, ou pas ? Si la pression du peuple de gauche le fera changer d’avis ? Si tous les autres sont prêts à le soutenir s’il gagne ? Alors qu’on sait déjà qu’il n’en veut pas et qu’on ne veut pas de lui ! C’est du temps perdu pour travailler à un projet et une candidature alternative capable de gagner », assure le sénateur. Lui-même ne sera pas candidat, sans doute échaudé par sa dernière candidature : « J’ai passé mon tour », lâche-t-il laconiquement.

En 2016, aux côtés de figures marquées à gauche comme les économistes Thomas Piketty et Julia Cagé, l’ancien député européen Daniel Cohn-Bendit ou le sociologue Michel Wieviorka, il signait un appel faisant de la primaire « la condition sine qua non pour qu’un candidat représente les forces de gauche et écologistes à l’élection présidentielle ». Elle n’a jamais eu lieu. Et Yannick Jadot, au départ candidat, s’était retiré au profit du socialiste Benoît Hamon. Que feront les gauches cette fois-ci ? L’ex-candidate du NFP à Matignon Lucie Castets les réunit le 2 juillet avec, au menu, la préparation de l’élection présidentielle.