Jean-Luc Mélenchon répond aux critiques et réfute toute « complaisance » à l’égard de Bachar al-Assad
POLITIQUE – Une note de blog aux allures de mise au point. En publiant un texte sur la situation en Syrie et la chute de Bachar al-Assad après vingt-quatre ans de règne sanguinaire, Jean-Luc Mélenchon cherche à clore un chapitre qu’il juge mensonger et calomnieux. Depuis dimanche, plusieurs déclarations du fondateur de La France insoumise sont exhumées sur les réseaux sociaux, l’accusant d’avoir été « conciliant » avec le régime de Bachar al-Assad.
Pire : il est parfois renvoyé dos à dos avec Marine Le Pen pour ses prises de position jugées proches. Le député européen Raphaël Glucksmann a ainsi pointé du doigt « ceux qui n’ont jamais rien dit pour condamner les crimes de Bachar, qui ont tout fait pour les excuser ». Sur France 2, le fondateur de Place Publique a expliqué penser « au Rassemblement national et à une partie de la gauche », les Insoumis au premier chef.
Jean-Luc Mélenchon peut-il être accusé de complaisance ou de collusion avec le régime dictatorial de Bachar al-Assad ? Le mettre sur le même plan que le RN est à l’évidence erroné, puisque Marine Le Pen s’est toujours montrée proche de l’axe al-Assad/Poutine, rechignant à qualifier le dirigeant syrien de « barbare » ou mettant en doute le nombre de morts. Dès le soir de l’annonce de la fuite de Bachar al-Assad vers Moscou, Jean-Luc Mélenchon a publié un tweet qui ne laisse aucune place au doute : « Je me réjouis à 100 % de la chute du régime d’al-Assad en Syrie ». Mais le doute s’est installé, et le triple candidat à l’élection présidentielle a cru bon de reprendre (plus longuement) la plume.
Ainsi, il rappelle ce 9 décembre avoir « défendu la révolution citoyenne de 2011 contre la dictature de Bachar al-Assad » et, comme député européen, avoir « voté une résolution du Parlement européen pour condamner la répression du mouvement populaire ». Dans son explication de vote de l’époque, il détaillait sa position : « Je vote pour ce rapport qui condamne fermement la terrible répression que le régime syrien fait subir à son peuple. Aucun pouvoir ne sera jamais légitime qui massacre son peuple. En Syrie, la révolution citoyenne est la voie du futur ». La « révolution citoyenne » est un concept que Jean-Luc Mélenchon défend depuis longtemps, hérité du leader équatorien Rafael Correa.
« Aligné sur l’ONU »
Dans sa note de blog, l’ancien socialiste rouvre le placard à archives : interview à RFI en 2012, une autre la même année à France Inter, puis tweet en 2017… Avec à chaque fois le même objectif : montrer qu’il n’a jamais repris à son compte la propagande syrienne. Il souligne ainsi s’être « aligné sur les demandes de la résolution adoptée à l’unanimité par le Conseil de sécurité de l’ONU le 21 décembre 2016 demandant notamment “une transition politique conduite par les Syriens et prise en main par eux” ».
Il n’en reste pas moins que certaines objections faites au tribun ne sortent pas de nulle part. Et si les prises de position (actuelles et passées) de Jean-Luc Mélenchon sont plus l’héritage d’une grille de lecture héritée de la guerre froide que d’une volonté réelle de s’acoquiner avec le régime syrien, elles donnent des prises à ses rivaux.
Lors de la campagne présidentielle de 2017, il défendait bien le principe d’une adhésion des Antilles et de la Guyane à l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (Alba), une organisation politique et économique anti-atlantiste créée en 2004 par Hugo Chávez et Fidel Castro. Parmi les pays observateurs de cette organisation, on retrouvait notamment Haïti, l’Iran ou la Syrie. De quoi servir de chiffon rouge à ses opposants, qui s’en sont donnés à cœur joie pour moquer ses proximités supposées avec des pays peu démocratiques.
« Défendre nos alliés kurdes »
De manière plus répétée, Jean-Luc Mélenchon a aussi semblé réduire la guerre civile syrienne à un conflit centré autour des énergies et des hydrocarbures. « Ces guerres ont eu parfois la religion pour prétexte, mais elles n’ont jamais cessé d’être autre chose qu’une dispute pour accaparer les matières premières. Les convois des armées, les voyous et les brigands armés jusqu’aux dents, ils n’ont jamais rien fait d’autre que détruire les pipelines et les gazoducs », clamait-il à Marseille lors d’un grand meeting organisé quelques jours avant le premier tour de l’élection présidentielle de 2017.
Néanmoins l’Insoumis n’a cessé ces dernières années d’apporter son soutien aux Kurdes qui affrontent Daesh, notamment dans le nord de la Syrie, et que Bachar al-Assad a férocement réprimés. Une fake news circule sur les réseaux, colportée par la députée européenne macroniste Nathalie Loiseau, qui montre qu’en 2019, Jean-Luc Mélenchon aurait demandé à la France d’« aider » l’armée syrienne à « défendre son pays contre l’invasion de l’armée d’Erdogan et de leur supplétif jihadiste ». Contresens : l’Insoumis rappelle qu’il ne demandait pas à Emmanuel Macron d’« aider » Bachar al-Assad, mais de « défendre nos alliés kurdes contre une agression ».
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