Politique

Karim Bouamrane cité pour Matignon ? Ce que dit cette nouvelle rumeur

POLITIQUE – « En tant que responsable politique, oui nous avons un rôle à jouer, et si je dois être leader, je le serai. » Voilà ce que Karim Bouamrane confiait au HuffPost, en avril dernier, quand on interrogeait le maire (socialiste) de Saint-Ouen sur ses ambitions nationales. Quatre mois, une dissolution, et des Jeux olympiques plus tard, son nom est cité dans la course à Matignon.

Selon Le Monde ou L’Opinion, l’édile de 51 ans est dans la liste étudiée par Emmanuel Macron entre Paris et le Fort de Brégançon pour devenir le futur chef du gouvernement. Au même titre que l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve par exemple. Les deux correspondent « au barycentre de l’Assemblée nationale et de la vie politique », commente l’Élysée dans les colonnes du quotidien du soir.

Inconnu du grand public, Karim Bouamrane a collectionné les louanges de la presse internationale, notamment du New York Times, quand sa ville accueillait une partie du village olympique. Il pourrait désormais profiter d’atouts indéniables aux yeux du chef de l’État, toujours en quête d’une alternative à Lucie Castets et au Nouveau Front populaire pour s’installer à Matignon.

Profil particulier à gauche

Le maire qui a « déjà tout gagné » selon la Une du prestigieux quotidien américain, présente un profil particulier à gauche. Cadet d’une famille d’immigrés marocains, militant au parti communiste pendant 20 ans, puis au parti socialiste, il a dirigé des entreprises de cybersécurité aux États-Unis, dans la Silicon Valley, avant d’être élu maire de Saint-Ouen en 2020, ville où il a grandi.

Dans un portrait que Le Figaro lui consacre en cette mi-août, Karim Bouamrane défend des « valeurs de gauche » qui « doivent permettre à chacun d’être l’architecte de sa propre vie » : « le progrès, la solidarité, la fraternité, la sororité. » Il estime, par ailleurs, que « l’abandon » par son camp « de la sécurité est une faute politique », et ne manque pas de tancer durement la France insoumise en accusant notamment ses élus de communautarisme.

« Cette gauche n’était pas là quand on avait 7 000 francs par mois pour vivre, quand mon père a connu le chômage, quand nous vivions dans un logement insalubre. (…) Ils sont souvent des enfants d’aristocrates ou de bourgeois qui veulent tuer le père », fustige-t-il, dans les colonnes du Figaro, « inquiet de voir comment leur capacité à communautariser le pays au travers du prisme ethnico-religieux fragilise le ciment républicain ». Du miel aux oreilles des macronistes.

Autre fait singulier dans le contexte actuel : Karim Bouamrane (officiellement candidat à rien) défend le principe d’une « coalition », derrière une personnalité de gauche à Matignon. Car si le Nouveau Front populaire est arrivé en tête des législatives, « personne n’a gagné », assure-t-il, quitte à reprendre l’argument phare des macronistes pour refuser la nomination de Lucie Castets à Matignon.

« Arracher quelques victoires sociales »

Sans surprise, ce discours et ces marqueurs affichés lui valent d’être applaudi au-delà du Parti socialiste et du Nouveau Front populaire. Les anciens députés Maud Gatel (MoDem) ou Clément Beaune (Renaissance) ont tous deux salué ces récentes prises de position. Mais est-ce suffisant pour répondre à la fiche de poste dressée par Emmanuel Macron ?

Le président de la République souhaite que son futur Premier ministre puisse compter sur une majorité plus large que les 200 députés du Nouveau Front populaire. Et les soutiens de Karim Bouamrane y croient. « Dans le cadre d’un gouvernement d’une courte durée, où il faudra arracher quelques victoires sociales, le rôle fondamental de la gauche, son profil est très intéressant », assure au HuffPost un cadre du Parti socialiste, en louant notamment les « qualités humaines » et l’expérience du maire de Seine-Saint-Denis.

« Il pourra parler au centre, à la droite, et rassembler sur plusieurs sujets, comme les services publics », assure encore cette source, tout en reconnaissant que la direction des roses, plus réticente vis-à-vis du maire de Saint-Ouen, ne peut pas lâcher Lucie Castets, pour l’instant.

Pour cause, derrière ces personnalités, l’équation Matignon reste très complexe, d’un côté comme de l’autre. Pour compter sur une majorité plus stable que la candidate estampillée NFP, il faudrait que Karim Bouamrane parvienne à convaincre au-delà de la gauche sans perdre en route un trop grand nombre de députés de la coalition PS – LFI – EELV – PCF. Or, rien n’indique pour l’heure qu’il pourrait tenir les deux bouts, sauf à faire exploser le NFP.

Une hypothèse « baroque » pour Taché (LFI)

« Je ne connais aucun de ses positionnements sur le plan national, je ne l’ai jamais vu mener de combat spécifique », cingle par exemple le député insoumis Aurélien Taché, en évoquant au HuffPost une option « baroque sur le plan politique et de la compétence » : « Si ses seuls atouts sont des atouts de casting personnel, parce qu’il est maire, issu de la diversité, anti-LFI… Vous comprendrez que ça ne m’intéresse pas beaucoup. » En clair, circulez.

Illustration de ce flou persistant autour des hypothèses lancées çà et là : le maire de Saint-Ouen n’est pas invité, vendredi 23 août à l’Élysée, pour la réception des chefs de partis par le président de la République. Le premier acte formel d’Emmanuel Macron pour dénicher un Premier ministre qui réponde à ses critères depuis le résultat des élections législatives.

L’édile était en revanche au palais, dix jours plus tôt, quand le président de la République recevait les « acteurs » des Jeux olympiques pour les remercier de cette quinzaine mémorable. Tout en saluant les organisateurs, Emmanuel Macron vantait l’esprit de concorde qui les a animés autour de cette grande fête. Pour entretenir la flamme jusqu’à Matignon ?

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