La bataille Wauquiez-Attal sur les présidences de commission a coûté une place à EPR
POLITIQUE – Qui va à la chasse perd sa place, et le NFP en profite. L’élection de trois nouveaux présidents pour les commissions de l’Assemblée nationale s’est soldée ce mercredi 9 octobre par un revers pour le camp Ensemble pour la République (EPR) et une victoire surprise pour le Nouveau Front Populaire.
À l’issue des législatives 2024, les groupes politiques se sont partagé en juillet les présidences de plusieurs commissions stratégiques. Paul Christophe, député Horizons, a été élu à la tête de la commission des Affaires sociales ; Antoine Armand, député EPR, à celle des Affaires économiques et Jean-Noël Barrot (MoDem) aux Affaires étrangères. Problème : à l’automne, les trois ont intégré le gouvernement Barnier, laissant donc leurs places vacantes.
Ce mercredi 9 octobre, les députés membres des commissions ont donc dû choisir leurs remplaçants. Les tractations avaient commencé bien avant. Ces dernières semaines, plusieurs récits de presse ont relaté des tensions entre le groupe Droite Républicaine (DR) de Laurent Wauquiez et le groupe EPR de Gabriel Attal. En cause : la remise en cause d’un accord conclu à l’été et qui avait permis aux macronistes et alliés de s’assurer trois présidences sur huit, avec la bénédiction de la droite.
MoDem et Horizons conservent une présidence, Guedj tacle LFI
Mais trois mois plus tard, Laurent Wauquiez a vu plus gros. Le chef de file DR a exigé une présidence de commission au même titre que ses nouveaux alliés du « socle commun » gouvernemental et a laissé planer la menace de présenter trois candidats face à ceux de la macronie, pour leur barrer la route. Finalement, DR a présenté deux candidats.
Le premier s’est finalement retiré au profit du député MoDem Bruno Fuchs, élu à la tête de la Commission des Affaires étrangères en remplacement du ministre MoDem Jean-Noël Barrot. Sans dommage donc pour le parti de François Bayrou qui conserve la tête d’une commission.
La commission des Affaires sociales est aussi restée dans le giron du parti Horizons d’Édouard Philippe, avec l’élection de Frédéric Valletoux en remplacement de Paul Christophe. À gauche, le candidat socialiste Jérôme Guedj s’est cependant indigné de n’avoir pas eu le soutien des députés LFI qui « préfèrent voter blanc que pour moi face à l’ancien ministre de la Santé (Horizons) », a-t-il écrit sur X. Les relations entre le député PS et la France insoumise sont à couteaux tirés depuis le 7 octobre 2023, Guedj ayant vertement critiqué la position de Jean-Luc Mélenchon et son mouvement après l’attaque du Hamas contre Israël.
L’épingle Trouvé dans le jeu Attal-Wauquiez, Barnier inquiet
En revanche, l’élection du président de la commission des Affaires économiques a tourné à l’affrontement public entre EPR et DR. Au moins quatre candidats étaient en lice : le député EPR Stéphane Travert, l’insoumise Aurélie Trouvé, le RN Frédéric Flacon et le DR Julien Dive. Après deux tours infructueux, le député Julien Dive a finalement retiré sa candidature pour le troisième.
De quoi assurer un report de voix en direction du candidat EPR ? Pas vraiment. « Ce qui avait été acté hier en réunion de groupe, c’était de maintenir la candidature (de Dive) jusqu’au bout. Donc de facto de ne pas voter pour EPR », a fait savoir l’entourage de Laurent Wauquiez à franceinfo. « Le socle commun c’est le soutien au gouvernement. Pour le reste il n’y a de socle que lorsqu’il y a une entente. EPR n’a pas voulu s’entendre, voilà la conséquence », ajoute-t-on de même source. Résultat ? Au troisième tour, la plupart des élus DR se sont abstenus et un a voté pour l’insoumise Aurélie Trouvé selon une déclaration de Julien Dive à la presse à l’issue du vote. Aurélie Trouvé a donc été élue avec 27 voix, devant le candidat macroniste Stéphane Travert (25 voix) et le candidat RN Frédéric Falcon (14 voix).
La France insoumise exulte, mais du côté d’Ensemble pour la République, c’est la douche froide. Dans un message à son groupe parlementaire, Gabriel Attal a déploré que « le groupe de Laurent Wauquiez ait fait le choix de favoriser l’élection de l’insoumise Aurélie Trouvé au détriment de notre collègue Stéphane Travert. » « Je suis, comme chacune et chacun d’entre vous, révolté et profondément désolé pour Stéphane, pour l’Assemblée nationale et pour le pays », a déclaré l’ancien Premier ministre. « Avec le vote des Républicains ce matin en commission des affaires économiques, je n’ai aucun état d’âme à voter la prochaine motion de censure qui sera déposée », a aussi cinglé sur X le député des Côtes-d’Armor Éric Bothorel, en joignant à son message une image évocatrice : celle d’un tireur armant son fusil.
Preuve que l’affaire n’est pas anodine, le chef du gouvernement Michel Barnier s’en est lui-même ému. Le Premier ministre a fait part de « sa préoccupation concernant la solidarité des différentes entités du socle qui n’a pas été au rendez-vous », a fait savoir son entourage. Dix jours avant l’arrivée du projet de loi de finances dans l’hémicycle, le signal a effectivement de quoi donner des sueurs au chef du gouvernement.
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