« La censure n’est pas inéluctable » : le dernier coup de pression de Le Pen sur Barnier
POLITIQUE – Jusqu’au bout, Marine Le Pen veut donner l’image d’un groupe RN « constructif ». À la veille du retour du budget de la Sécurité sociale à l’Assemblée nationale et alors que l’étau se resserre sur Michel Barnier, la cheffe de file des députés d’extrême droite assure au Premier ministre que « la censure n’est pas inéluctable ». Mais à condition de répondre à ses exigences.
« Il suffit que M. Barnier accepte de négocier », déclare la députée du Pas-de-Calais dans un entretien à La Tribune Dimanche ce 1er décembre, visiblement vexée que le RN, « le premier groupe à l’Assemblée » n’ait pas été contacté « rapidement » pour participer à l’élaboration du budget. Après le recul du gouvernement sur la taxe sur l’électricité et les allégements de charges sur les entreprises, Marine Le Pen remet donc sur la table deux exigences : « la désindexation des pensions ou sur le non-déremboursement des médicaments ».
« Nous avons dit : si on ne tient pas compte de ce qui est inadmissible pour les électeurs du Rassemblement national, nous censurons. On ne prend personne en traître », assure-t-elle. Michel Barnier « est issu d’une famille politique qui a 47 députés ». Si le Premier ministre refusait de négocier avec le RN, il prendrait alors lui-même « la décision du déclenchement de la censure », ajoute-t-elle. Une façon de retourner le récit et de renvoyer, en cas de censure et de crise politique, la responsabilité sur le Premier ministre – et donc pas sur le RN, soucieux de son image. « L’adoption d’une censure déclencherait une crise financière très grave et ruinerait dix années de respectabilisation pour Marine Le Pen », juge d’ailleurs dans La Tribune Dimanche le ministre LR de l’Intérieur Bruno Retailleau.
« Le compromis n’est pas le chantage »
Le projet de budget de la Sécurité sociale issu de la commission mixte paritaire (CMP) sera présenté lundi 2 décembre à l’Assemblée nationale. Sans majorité, Michel Barnier pourrait actionner l’article 49.3 de la Constitution qui permet une approbation sans vote, mais expose le gouvernement à une motion de censure. Celle-ci serait soumise au vote de l’Assemblée au plus tôt mercredi, et si le RN joignait ses voix à celles de la gauche, le gouvernement chuterait.
Mais à la veille de l’échéance, le gouvernement peut-il encore faire de nouvelles concessions ? Sur le papier, oui. Même si le budget de la Sécu a fait l’objet d’un accord entre députés et sénateurs, le gouvernement peut encore modifier son texte jusqu’au dernier moment pour satisfaire aux exigences des oppositions.
Pour autant, le ministre du Budget Laurent Saint-Martin a chiffré à « un peu moins de 10 milliards d’euros » les « compromis » de l’exécutif envers les différents groupes parlementaires. Une somme importante alors que Michel Barnier s’est fixé pour objectif 60 milliards d’euros d’économies. « Le compromis n’est pas le chantage : il ne peut y avoir d’ultimatum. Nous avons été responsables, à chacun maintenant de l’être », insiste Laurent Saint-Martin dans Le Parisien, alors que la date du 2 décembre mise en exergue par Marine Le Pen a été perçue comme un ultimatum au gouvernement pour revoir sa copie, même si la députée RN s’en défend.
Le ministre a aussi alerté sur « la facture de la censure », multipliant les mises en garde sur les conséquences d’une absence du budget. Un discours que beaucoup, notamment dans les oppositions, jugent alarmiste alors qu’il existe plusieurs options dans la législation française pour éviter un « shutdown » (une paralysie budgétaire) ou un « scénario à la grecque ».
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