La composition de la liste de François-Xavier Bellamy illustre les difficultés de LR

POLITIQUE – Comment faire coexister toutes les nuances de la droite qui continuent à cohabiter au sein des Républicains, alors que les places éligibles ne sont pas nombreuses à l’heure où la liste menée par François-Xavier Bellamy pour les élections européennes reste scotchée autour de 7 % d’intentions de vote ? Voilà la difficile équation que la commission d’investiture du parti présidé par Éric Ciotti a tenté de démêler ce mercredi 30 avril. Dans un communiqué diffusé dans la matinée, le parti de droite a vanté « une liste d’équilibre entre le renouvellement et l’expérience », décrite comme une « alliance de figures expérimentées et de nouveaux visages ».

Et c’est là que le député des Alpes-Maritimes s’est livré à un véritable exercice d’équilibriste, alors que chaque cacique du parti poussait pour son poulain et que les eurodéputés sortants jouaient des coudes pour rempiler au Parlement européen. Derrière François-Xavier Bellamy, Céline Imart et Christophe Gomart, on trouve en 4e position Isabelle Le Callennec, ancienne députée LR d’Ille-et-Vilaine. Filloniste soutenue par le président du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau, elle s’était alignée derrière Éric Ciotti lors du dernier congrès du parti.

Hortefeux et Morano sur la liste

Arrive ensuite un proche du président du parti, Laurent Castillo, que d’aucuns surnomment le « cardiologue niçois ». Professeur de médecine, il avait échoué dans la troisième circonscription des Alpes-Maritimes lors des élections législatives de 2022, où il n’avait obtenu que 12,8 % des voix au premier tour. Place ensuite aux sarkozystes historiques, Nadine Morano (un temps approché par le RN) et Brice Hortefeux, respectivement en 6e et 7e place. Selon Libération, la présence de ces deux figures, peu connues pour leur assiduité à Strasbourg et Bruxelles, a provoqué des remous en interne.

Nathalie Colin-Oesterlé, eurodéputée sortante, occupe la position suivante, quand le président des Jeunes LR, Guilhem Carayon, occupe lui la 9e place, devant les eurodéputés sortants Anne Sander et Geoffroy Didier. Autant dire que ces derniers n’ont qu’une chance (très) limitée de voir le Parlement européen, les sondages promettant à la liste de François-Xavier Bellamy entre six et huit sièges.

Quant au poulain de Gérard Larcher, poussé par le président du Sénat en personne, il ne figure pas sur la liste. Selon Le Figaro, Patrick Dray, conseiller spécial de Gérard Larcher, a finalement décliné l’offre qui lui a été faite de se satisfaire de la 9e place, éligible uniquement en cas de remontada de François-Xavier Bellamy. Il n’est pas le seul à être déçu. Selon L’Express et Libération, 13 membres de la Commission nationale d’investiture (CNI) se sont abstenus lors du vote, dont Bruno Retailleau et Gérard Larcher. Candidat actif à l’investiture, l’ancien député du Vaucluse Julien Aubert n’a pas trouvé sa place au sein de la liste.

« En novembre, “Oser la France” avait proposé une contribution axée sur la souveraineté et les valeurs gaullistes et patriotes, ni frexit, ni fédéraliste. J’aurais aimé porter ce message mais la CNI des Républicains a fait un autre choix. Le combat pour la France continuera autrement », a-t-il déploré sur le réseau social X.

Des tensions qui illustrent les difficultés du parti de droite, tiraillé entre la nécessité de présenter des éléments nouveaux et de récompenser des fidèles, tout en faisant de la place aux ténors dont la capacité de nuisance médiatique pourrait achever une aventure électorale déjà mal embarquée, et dont l’issue pourrait être catastrophique pour le parti d’Éric Ciotti. Le tout, dans un mouchoir de poche, puisqu’une poignée de places seulement sont effectivement éligibles.

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