La droite parisienne tombe sur Hidalgo après la publication (ardue) de ses notes de frais
POLITIQUE – Anne Hidalgo n’en a pas fini avec les polémiques autour de ses frais de mandat. La maire PS de Paris, déjà épinglée pour son voyage à Tahiti, a été contrainte par la justice de dévoiler de nouvelles factures. Et les montants, autant que la difficulté à obtenir ces documents, ont alimenté les critiques de ses opposants.
C’est l’association Transparence citoyenne qui a cette fois relancé la machine. En mars 2024, elle réclame à la mairie les factures des frais de déplacements, de restaurations et de représentation de l’élue. Auprès de Mediapart, son président explique avoir obtenu l’appui de la Cada (Commission d’accès aux documents administratifs) au mois de juillet… sans que la mairie de Paris ne donne suite. Il a ensuite saisi la justice et obtenu gain de cause.
Ces documents révélés par Mediapart font état de 84 000 euros de frais de représentation entre 2020 et 2024. La maire de Paris est une cliente régulière d’enseignes semi-luxueuses, comme le BHV, Repetto, Eric Bompard ou Gérard Darel, pour des sommes entre 500 et 1 000 euros. S’y ajoutent des achats ponctuels plus luxueux, comme deux robes Dior en 2024 pour 6 320 euros, un manteau Burberry à 3 067,50 euros en 2023, une blouse Dior à 1 120 euros en 2021 et une veste Burberry à 1 087 euros en 2020. Enfin, les frais de déplacement de la maire sont également rendus publics, pour un total d’environ 125 000 euros entre 2020 et 2023.
Le manque de transparence de la mairie PS dénoncée
Le total n’excède jamais le maximum établi par la loi et fixé à 20 000 euros annuels pour les frais de représentation, distinct de ceux de déplacement. Le cabinet d’Anne Hidalgo les justifie par la fonction même de la maire de Paris qui « participe à de nombreuses représentations officielles » et « reçoit des chefs d’État et des délégations étrangères tout au long de l’année ».
L’argument ne convainc pas. « Sur les 84 000€ de frais vestimentaires en quatre ans, combien sont justifiés par un évènement exceptionnel (gala) ? » interroge Aurélien Véron, porte-parole du groupe d’opposition LR Changer Paris. Paul Hatte, conseiller du 17e arrondissement sous l’étiquette Union Capitale ( Rassemblement des républicains, centristes, progressistes, écologistes et indépendants), abonde : « HALLUCINATION. Avec nos impôts messieurs dames. Je rappelle : aucun entrepreneur ni commercial n’a le droit de déclarer ses costumes comme une charge professionnelle. De quel droit nos impôts paieraient tout ça ? »
Surtout, la maire de Paris se voit reprocher son manque de transparence, un point également relevé par Sylvain Maillard, député Renaissance de Paris. « Sans même entrer dans le débat que peuvent légitimement susciter ces montants, il semble incroyable que la nature de tels achats ne soit pas justifiée en toute transparence », écrit-il sur X, réclamant que « le Maire et les adjoints aient les mêmes règles de prise en charge de leurs frais avec justificatifs que n’importe lequel de nos concitoyens dont les frais sont remboursés. »
Anne Hidalgo a déjà été plusieurs fois l’objet de critiques pour la non-publication de documents réclamés par la presse ou par des associations. Une enquête a d’ailleurs été ouverte en 2024 par le parquet de Paris pour prise illégale d’intérêts et détournement de fonds publics. Mais auprès de Mediapart, l’équipe de la maire dément tout manque. « La ville de Paris examine les demandes suite à la saisine de la Cada, pour autant il peut arriver que les documents demandés ne conviennent pas aux demandeurs, qui décident de saisir le tribunal », se défend-elle. En parallèle, elle rappelle dans Le Parisien que l’Urssaf « a opéré un contrôle sur ces frais de représentation et les justificatifs produits » et « n’a émis aucune observation, confirmant la validité et régularité de notre process ». Et la mairie de cibler l’association Transparence citoyenne pour son financement – reconnu par les intéressés auprès de Mediapart – par le milliardaire Pierre-Édouard Stérin, soutien financier d’une partie de l’extrême droite. « La maire de Paris n’utilise pas ses frais de représentation pour s’offrir des bijoux et tout est déclaré », ajoute l’équipe d’Anne Hidalgo dans une allusion à peine voilée à Rachida Dati visée par une enquête judiciaire pour sa joillieriee. À six mois du scrutin, la bataille pour les municipales est multiforme.


