Politique

La gauche indignée par la manifestation néofasciste à Paris pointe la responsabilité de Retailleau

POLITIQUE – Des bras levés, des crânes rasés, des hommes cagoulés, des drapeaux celtiques. Aussi glaçantes soient-elles, les images de la manifestation néonazie qui s’est tenue à Paris le 10 mai défilent partout sur les réseaux sociaux. Chaque année, les membres du « Comité du 9 mai » (C9M) rendent hommage à l’un des leurs, le militant d’extrême droite Sébastien Deyzieu, mort en 1994 après être tombé d’un toit où il avait grimpé pour échapper à la police.

Malgré un bras de fer entre la justice et les autorités sur l’autorisation à donner à ce défilé, les néofascistes sont bien descendus dans la rue. Et cela n’a pas manqué d’indigner les responsables politiques de gauche.

« Des centaines de nervis fascistes défilent dans les rues de Paris en arborant des symboles nazis », alerte le député de La France insoumise Thomas Portes, par ailleurs président de l’Observatoire national de l’extrême droite. Dénonçant « le silence complice » du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, il reproche au gouvernement de « préférer dissoudre les antifascistes de la Jeune Garde » plutôt que de s’attaquer aux nostalgiques du IIIe Reich.

La députée européenne LFI Manon Aubry a également sonné l’alerte : « Des néonazis ont défilé en toute impunité dans les rues de Paris. Certains arboraient même des tatouages de croix gammée », a-t-elle rapporté sur CNews et Europe 1 ce dimanche 11 mai. Tout en rappelant que la manifestation antifasciste avait été, au même moment, interdite, Manon Aubry dénonce « une répétition de l’Histoire extrêmement inquiétante ».

« Pas de policiers visibles en nombre. Pas d’arrestations. Pas d’émotion dans l’opinion publique créée par les bandeaux des chaînes d’infos. Et pourtant des saluts nazis, des croix gammées, des visages cachés », s’est insurgée la députée écologiste Sandrine Rousseau, qui se demande pourquoi le gouvernement n’a pas réagi. « Est-il complice ou a-t-il peur ? », interroge-t-elle.

Un défilé « clairement antisémite »

Des mots qui font écho à ceux du député ex-LFI Alexis Corbière. Le fondateur du mouvement L’Après, aux côtés notamment de Clémentine Autain et de Raquel Garrido, exprime sa « honte » et charge lui aussi Bruno Retailleau, accusé de « laisser se dérouler à Paris une manifestation d’un groupe fasciste violent, avec croix celtique, clairement néonazi et antisémite ». Rappelant que comme tous les ans, ces hommes en noirs rendent hommage à « un militant de l’Œuvre française organisation antisémite ».

À gauche, il n’a échappé à personne que le défilé avait d’ailleurs été déclaré en préfecture par Maylis de Cibon, une militante d’extrême droite parisienne, ex-assistante parlementaire des députés RN Christian Girard et Philippe Schreck. L’Insoumis Thomas Portes a relevé la présence, au sein du cortège, d’un certain Marc de Cacqueray-Valmenier qu’il qualifie de « nervi néonazi », ex-fondateur du mouvement Les Zouaves, homme de main du multimilliardaire Vincent Bolloré, propriétaire de CNews.

« Jamais nous ne nous habituerons à cette manifestation néofasciste dans nos rues (dont les organisateurs ont entretenu des liens avec le RN) », s’agace aussi la socialiste Gabrielle Siry-Houari, qui estime que la manifestation parisienne aurait dû « être interdite ». Le Premier secrétaire du PS Olivier Faure observe que ce défilé d’extrême droite s’inscrit dans un calendrier bien particulier. « La veille, on commémore la libération de l’occupation nazie. Le lendemain les fascistes paradent dans les rues de Paris. Ces gens sont le malheur des peuples. Nous ne les laisserons pas avancer », pointe-t-il. Reste que le rendez-vous est fixé chaque année, et rien n’indique qu’en 2026, les mêmes hommes ne se réuniront pas au même endroit, pour les mêmes raisons.

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