Politique

La lettre des filles de Boualem Sansal, « otage d’un contentieux qui ne le concerne pas », adressée à Macron

BOUALEM SANSAL – Un « dernier élan d’espoir ». Les deux filles de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal ont publié ce mardi 15 avril dans Le Figaro, une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron. Nawal et Sabeha Sansal l’appellent à faire pression sur l’Algérie, sur le régime d’Abdelmadjid Tebboune, pour que leur père, condamné à cinq ans de prison, soit libéré.

« Nous écrivons, Monsieur le Président, non dans l’invective, non dans le reproche, mais dans un dernier élan d’espoir », précisent-elles. « Notre père, Boualem Sansal, a 80 ans. Il est malade. Il est écrivain. Et il est enfermé. Non pas pour un crime, non pas pour une faute, mais pour ce que toute démocratie devrait chérir : ses mots, ses pensées, sa liberté. », commencent les deux sœurs.

Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis la mi-novembre, a été condamné le 27 mars à cinq ans de prison notamment pour atteinte à l’intégrité du territoire pour des déclarations en octobre au média français d’extrême droite « Frontières » où il estimait que l’Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc. Il a fait appel de sa condamnation.

« Cinq mois dans le silence d’un cachot pour un homme dont chaque mot a tenté, toute sa vie, de bâtir des ponts entre les peuples. Cinq mois pour un humaniste que rien n’a jamais détourné de sa foi en l’universalisme, en la dignité, en la liberté d’expression », dénoncent Nawal et Sabeha Sansal, qui disent avoir jusqu’au bout espéré une « grâce, même discrète » du président algérien. En vain.

« Des jeux diplomatiques qui nous échappent »

Puis elles s’adressent directement au président de la république française : « Nous savons que vous êtes sensible à la littérature, à la parole libre, à ces voix solitaires qui font honneur à la pensée. Boualem Sansal est de celles-là ».

« À mesure que le silence se prolonge, que les tensions entre la France et l’Algérie s’enlacent dans des jeux diplomatiques qui nous échappent, notre père reste là, otage d’un contentieux qui ne le concerne pas. », poursuivent-elles.

Et de conclure : « Nous vous demandons, Monsieur le président, de faire ce geste. Pour lui. Pour la mémoire des justes. Pour ce que la France représente encore, là-bas et ici, dans le cœur des hommes libres. »

De vives tensions ont affecté pendant huit mois les relations entre l’Algérie et la France, depuis qu’Emmanuel Macron a décidé fin juillet de soutenir un plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, où les indépendantistes du Polisario sont soutenus par Alger.

Elles se sont encore aggravées notamment avec l’arrestation de l’écrivain et le refus par Alger début 2025 d’accepter sur son territoire des influenceurs algériens expulsés par la France. Après une brève accalmie de deux semaines, la crise diplomatique est repartie de plus belle ce mardi, Emmanuel Macron décidant d’expulser douze agents consulaires algériens en réponse à une mesure similaire de l’Algérie, accusée d’être responsable de cette nouvelle « dégradation brutale ».

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