Politique

La Macronie conspuée pour avoir validé deux traités européens de libre-échange

POLITIQUE – Ce n’est pas le Pérou, mais… Le camp présidentiel est pointé du doigt pour avoir validé, ce jeudi 29 février, deux traités de libre-échange au Parlement européen avec le Kenya et le Chili. Ces textes doivent permettre une meilleure coopération et débrider les échanges commerciaux entre l’Europe et ces deux pays.

De quoi provoquer les cris d’orfraie de l’ensemble de la classe politique, en pleine crise agricole. De la gauche au Rassemblement national nombreux sont ceux à dénoncer « une nouvelle trahison » de la Macronie qui a passé l’essentiel de ses derniers jours à rassurer le monde paysan et à dénoncer le Mercosur, un autre traité de libre-échange.

« Vous n’êtes qu’une bande d’hypocrites et de menteurs », a par exemple fustigé l’eurodéputée insoumise Manon Aubry, par ailleurs cheffe du groupe de la gauche radicale, dans l’hémicycle, en accusant les soutiens de ces traités de « sacrifier l’agriculture européenne », deux jours après avoir « tapé le cul des vaches » au salon de l’agriculture.

« Ils vendent et détruisent l’agriculture française »

Comme l’élue LFI, plusieurs responsables écologistes, socialistes ou communistes – même si ceux-ci ne sont pas représentés au Parlement européen – profitent de ce vote bruxellois pour critiquer un certain « double langage » selon eux de la part d’Emmanuel Macron.

« Des paroles aux actes, il y a toute l’hypocrisie de la macronie. Au salon de l’agriculture ils promettent, au parlement européen, ils trahissent leurs engagements de la veille », cingle ainsi le premier secrétaire du PS Olivier Faure sur les réseaux sociaux, quand son homologue du PCF Fabien Roussel ajoute : « Ils vendent et détruisent l’agriculture française.  »

Dans ce contexte, le Rassemblement national – offensif depuis le début de la crise agricole – n’entend pas être en reste. Comme Jordan Bardella, Marine Le Pen accuse l’exécutif français de « reniement », de « mensonge », de « revirement » ou de « trahison » à l’égard des paysans. Rien de mois.

Les groupes européens se divisent

Plus surprenant, certaines voix LR se joignent également à celles de la gauche et du Rassemblement national pour critiquer ces accords… Pourtant soutenus par leur propre camp au niveau européen.

« Au salon de l’agriculture, Emmanuel Macron a promis de défendre le monde agricole contre les effets dangereux des traités de libre-échange qui sacrifient nos agriculteurs. Aujourd’hui, Valérie Hayer, tête de liste Renaissance aux européennes, vient de voter l’accord avec le Chili », pointe par exemple le vice-président du parti Guilhem Carayon, qui évoque lui aussi une « trahison. »

Or, dans le détail, l’écrasante majorité du groupe « PPE » a validé les traités, main dans la main avec les libéraux de Renew. Seuls ses membres français, les élus Les Républicains François-Xavier Bellamy, Nadine Morano ou Geoffroy Didier s’y sont opposés.

Plus précisément, le groupe de la gauche radicale, mené par Manon Aubry, est le seul à avoir voté en bloc contre les deux traités. Certes les écologistes, les sociaux-démocrates, et l’extrême droite française ont tous voté contre. Mais leurs groupes respectifs se sont divisés. Ainsi, les socialistes européens ont soutenu dans leur ensemble les deux traités. Les écologistes, eux, ont oscillé entre vote contre, absent ion et même vote pour (deux élus).

Du côté du groupe Renew, celui des macronistes, dirigé par leur future tête de liste Valérie Hayer, les choses sont plus simples : l’immense majorité a validé les deux traités – malgré une poignée d’abstention. Sur les 23 élus Français (MoDem, Renaissance ou Horizons), un seul a dit « non. » Il s’agit de Jérémy Decerle, agriculteur de profession.

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