La menace de Retailleau en cas de projet de loi sur la proportionnelle
POLITIQUE – Bruno Retailleau prêt à quitter l’exécutif en cas de réforme du système électoral ? Le patron de la droite et ministre de l’Intérieur a affirmé ce lundi 2 mai que « toutes les options étaient ouvertes » sur son éventuel départ du gouvernement s’il devait défendre un projet de loi instaurant un mode de scrutin proportionnel aux législatives.
Il a précisé avoir dit au Premier ministre François Bayrou, avec lequel il s’est entretenu de ce sujet pendant 1 h 15, qu’il « ne porterait pas ce type de réforme ». Bruno Retailleau a redit son opposition « très ferme, absolue sur ce mode de scrutin » qui « pourrait déséquilibrer les institutions de la cinquième République, qui a besoin d’une majorité pour bien fonctionner ».
« L’éparpillement auquel le mode de scrutin (proportionnel) conduirait est en réalité profondément déstabilisant pour le pays », a-t-il fait valoir. « Au moment où il faut prendre des décisions, le scrutin proportionnel à travers cette ingouvernabilité amènerait finalement à une forme d’impuissance, d’impuissance publique », a ajouté le ministre de l’Intérieur, qui est également par son poste garant de l’organisation des élections.
Une proposition qui clive
Alors qu’il s’agit d’une de ses propositions historiques, François Bayrou a lancé le 30 avril dernier une série de consultations des forces politiques sur l’élection des députés à la proportionnelle, qu’il décrit comme la « garantie pour tous les grands courants politiques du pays, c’est-à-dire pour tous les citoyens, d’être représentés à mesure de leur engagement et de leur vote ». Un projet de loi pourrait être examiné à l’automne, mais même au sein du camp macroniste, des voix montent pour montrer leur désaccord, considérant que le scrutin majoritaire est désormais « le moins pire ».
Le Premier ministre défend une proportionnelle intégrale par département comme en 1986, alors que depuis l’instauration de la Ve République – à l’exception des législatives de cette année-là –, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.
Le RN, favorable à une proportionnelle avec une prime majoritaire, a indiqué qu’il pourrait s’accommoder du modèle de 1986. À gauche, le Parti socialiste n’a pas encore arrêté sa position sur la proportionnelle, qui n’est « pas la priorité » du leader communiste Fabien Roussel, tandis que les députés de La France insoumise défendent une proportionnelle « à un échelon régional », tout comme le parti Place publique de Raphaël Glucksmann.
Du côté des opposants, Les Républicains – présidés par Bruno Retailleau – ont promis de se battre de « toutes leurs forces » contre la proportionnelle. Le candidat putatif pour l’élection présidentielle de 2027 Edouard Philippe y est également « défavorable », affirmant qu’elle conduirait à une « absence de majorité » et pourrait « distendre le lien entre l’électeur et le député ». François Bayrou doit désormais recevoir ce mardi soir les représentants des Écologistes sur le sujet.