Politique

La ministre de l’Agriculture appelle « cibler les élus de gauche », son cabinet relativise

POLITIQUE – Cinq petits mots rapportés par la presse quotidienne régionale qui font bondir jusqu’à Paris. Ce mardi 27 mai, plusieurs parlementaires socialistes ont exprimé leur indignation après avoir découvert dans La Dépêche des propos prêtés à la ministre de l’Agriculture Annie Genevard, lors d’un déplacement dans le Tarn mercredi 21 mai.

Dans le contexte tendu entourant l’examen de la loi Duplomb, prévoyant la réautorisation d’un pesticide controversé, la ministre issue de LR a échangé sur place avec des représentants de la filière agricole favorables à cette proposition de loi (PPL) soutenue par le « socle commun » et le Rassemblement national.

Voici comment La Dépêche décrit cette rencontre : « Les agriculteurs craignent que ce texte, dont une mesure phare réintroduit à titre dérogatoire un insecticide de la famille des néonicotinoïdes, soit vidé de sa substance en raison des milliers d’amendements déposés par des députés de gauche (essentiellement issus d’EELV et LFI). “Il faut cibler les élus de gauche”, a alors lancé Annie Genevard ». Le journal précise que la formule a fait tiquer plusieurs élus locaux, dont le conseiller régional socialiste Patrice Garrigues. « C’est petit dans la bouche d’une ministre de la République, elle s’est laissée emporter », a-t-il lâché au quotidien.

Cibler les élus de gauche ? L’expression a quoi qu’il en soit provoqué l’indignation des socialistes au niveau national, à l’heure où des permanences parlementaires (surtout de gauche) ont été dégradées par des agriculteurs favorables au texte.

Le PS dénonce la ministre, un proche relativise

« Une ministre de l’agriculture appelant à “cibler” les élus de gauche, qu’est-ce que ça veut dire ? Annie Genevard cautionne-t-elle les appels à la violence ? Est-ce légitime de contourner les débats sensibles du pays ? Qu’elle s’explique devant la représentation nationale ! », a dénoncé Mélanie Thomin, députée socialiste du Finistère. Élue dans le Val-d’Oise, sa collègue Ayda Hadizadeh se demande si Annie Genevard est désormais en charge « de la chasse aux élus de gauche ». La colère est remontée jusqu’au premier des socialistes, Olivier Faure.

« Cet appel honteux au ciblage d’élus de la République est celui de la ministre de l’Agriculture », a-t-il déploré, en dénonçant une « inadmissible dérive » de la part de l’exécutif. Contacté par Le HuffPost, le cabinet d’Annie Genevard assure qu’elle n’avait nullement l’intention de jeter de l’huile sur le feu. « Ce verbatim rapporté de façon isolée est évidemment sorti de son contexte », affirme son entourage, avant de préciser quel était l’état d’esprit de la ministre.

« Elle disait qu’il fallait cibler les députés de gauche afin de leur expliquer (pacifiquement) les attentes sur la PPL “contraintes” et sa portée concrètement dans les fermes. À aucun moment elle n’a appelé à la violence ». Et son équipe d’insister : « Elle a d’ailleurs eu de cesse depuis le premier jour d’examen en commission de marteler qu’il n’y avait pas de mandat impératif et qu’il ne devait y avoir aucune atteinte aux personnes et aux biens. Elle l’a redit aux agriculteurs hier après-midi devant les médias qui manifestaient à l’Assemblée nationale puis de nouveau le soir au JT de France 2 ».

Dans une réponse directement adressée à Olivier Faure sur le réseau social X, Annie Genevard a dénoncé une « polémique montée de toutes pièces », jugeant « malhonnête » de « faire croire à un appel à la violence ». Reste à savoir si ces explications suffiront à convaincre la gauche. Et, surtout, à la rassurer.

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