La ministre des Sports à la peine face à la colère de ces champions paralympiques sur « l’héritage » de Jeux
SPORT – Réponse inaudible. Alors que les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 ont débuté il y a près d’un an dans la capitale française, avec le recul, certains regrettent amèrement les grandes promesses formulées par l’exécutif sur le fameux « héritage des Jeux » et les retombées promises à l’époque. C’est le cas du sprinteur Charles Renard, médaille d’argent à Paris avec le para-athlète non-voyant Timothée Adolphe sur 100 mètres.
Jeudi, au micro d’Ici (ex-France Bleu), il dénonçait ces promesses politiques dont les répercussions sont difficiles, voire impossibles, à voir pour Charles Renard. D’où sa volonté de se faire entendre. « Le message, c’est surtout que vous parlez partout d’héritage. Mais c’est du vent. Parce qu’on n’en voit pas la couleur. Même après, malgré la médaille, beaucoup de partenaires n’ont pas re-signé. Que ce soit Timothée ou moi, nous avons perdu des sponsors », dénonce-t-il avec amertume.
Des paroles fortes de la part du sportif, qui donnent des exemples concrets de ce retour à « l’amateurisme » pour appuyer son « coup de gueule ». « L’année dernière, on était ici, on avait des blocks tout neufs pour les Jeux, maintenant, on repart dans l’amateurisme. Ce n’est même pas diffusé alors que l’an dernier, si. C’est ça, l’héritage. Et on enlève 75 % au budget sportif. Les ’blabla’ des politiques. C’est un manque de respect », dénonçait également Timothée Adolphe, victime d’un problème technique dû au manque de moyen lors d’un meeting au stade Charléty à Paris
Face à ces mots, la ministre des Sports Marie Barsacq − qui n’était pas encore en fonction lors des JO de Paris − a tant bien que mal tenté de répondre aux critiques et à l’amertume de Charles Renard et Timothée Adolphe. Questionnée sur franceinfo ce samedi 7 juin, elle prolonge ce constat d’un acte manqué. « Ce n’est pas qu’on les oublie, c’est que les choses reviennent dans une autre dimension après les Jeux mais elles ne reviennent pas à ce qu’elles étaient avant », a-t-elle estimé.
« Mettre la flamme aux Tuileries, c’est bien, mais… »
Disant « comprendre la colère de Timothée Adolphe », elle assure néanmoins que « l’engagement de l’État est au rendez-vous malgré le contexte financier qui a été très compliqué pour 2025 ».
Mais difficile pour Marie Barsacq de faire fi de certaines réalités mises en lumière par les deux hommes. « Il est vrai que des sponsors se retirent, des moyens se retirent, mais la télévision en France diffuse des épreuves paralympiques, pas le Handisport Open, mais d’autres, donc il y a quand même une attention au lendemain des Jeux pour continuer la dynamique », a-t-elle tenté de nuancer, après avoir rappelé que « ce sont six millions d’euros supplémentaires qui ont été donnés aux athlètes ».
Ce qui lui laisse dire qu’« on n’oublie pas Timothée Adolphe, on n’oublie personne sur la préparation des Jeux (2028) ». Mais pas sûr que cela suffise pour calmer la colère de certains. « Mettre la flamme aux Tuileries, c’est bien, mais revenez à nous », conseillait plutôt Charles Renard au micro d’Ici. « Si vous voulez qu’on continue d’être performants, mettez les moyens pour qu’on le soit. »