Politique

La remarque absurde de cette macroniste sur Léna Situations et « l’entrisme » en dit long

POLITIQUE – Léna Situations n’est pas n’importe qui. Influenceuse aux quatre millions d’abonnés sur Instagram, l’entrepreneuse de 27 ans a récemment fait la couverture du magazine Forbes, et compte parmi les célébrités qui ont leur double de cire au musée Grévin.

Soit, effectivement, le genre de profil que l’on croise sur la croisette à l’occasion du Festival de Cannes. Deborah Abisror-De Liem est, en revanche, beaucoup moins connue.

Exerçant en politique, elle occupe le poste stratégique de Secrétaire générale du groupe Ensemble pour la République à l’Assemblée nationale et siège au bureau exécutif de Renaissance. La macroniste avait aussi été investie candidate aux législatives en 2022, dans la 8e circonscription des Français de l’étranger, couvrant notamment Israël. Le rapport entre ces deux personnalités ? A priori aucun.

« Entrisme » et « infiltration »

Pourtant, ce mercredi 21 mai, la seconde va impliquer la première dans le débat public. En cause, la tenue vestimentaire portée par celle qui répond au nom de Léna Mahfouf. En pleine fièvre médiatique provoquée par le rapport sur les frères musulmans, poussant Gabriel Attal à poursuivre la lente dérive macroniste sur le sujet, Deborah Abisror-De Liem est catégorique : la tenue portée par la jeune femme est une démonstration de « l’entrisme » de l’organisation islamiste.

« L’entrisme passe d’abord par les codes vestimentaires, c’est pourquoi l’imposer à des fillettes, c’est le fondement d’infiltration de nos sociétés. Nos mères se sont battues pour que nos jupes puissent être courtes », a-t-elle écrit sur le réseau social X, en joignant deux photos à son message : une datant de 2024 sur laquelle Léna Situations porte une robe fendue aux épaules dégagées, et une prise ce mardi 20 mai sur laquelle la même arbore une robe longue et couvrante, assortie à un couvre-chef blanc (manifestement trop proche du voile islamique pour Deborah Abisror-De Liem).

Alors, Léna Situations est-elle subitement devenue le porte-étendard glamour des Frères musulmans cherchant à islamiser la société ? Pas du tout. Car, comme l’ont fait remarquer de nombreux internautes, la même influenceuse – qui, rappelons-le, est libre de choisir les vêtements qu’elle souhaite porter – affichait mercredi soir un look bien plus léger, qui s’accommode mal avec les standards de la charia, comme le montre la vidéo partagée par ses soins ci-dessous :

Sans surprise, le message déplacé de la responsable Renaissance a provoqué une avalanche d’indignations. Coordinateur national de la France insoumise, Manuel Bompard a fustigé sur X « l’obsession maladive » de Deborah Abisror-De Liem à l’égard de l’islam. Une formule également utilisée par l’ex-rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité (et ancien candidat écologiste) Nicolas Cadène. Mais pas de quoi dérouter l’intéressée, qui persiste et signe.

« Je parle de codes vestimentaires. De trends sur les réseaux tels que le modest fashion (sic). Ce sont des codes afin de véhiculer toute une façon de vivre. Comme l’était l’abaya. Et le rendre à la mode c’est exactement ce qu’ils cherchent », a justifié Deborah Abisror – de Lieme.

Navrante, l’interpellation (un brin complotiste) de la secrétaire générale du groupe EPR à l’Assemblée, aura eu le mérite de démontrer les fantasmes qui accompagnent la publication du rapport sur les Frères musulmans, participant à l’hystérisation du débat public sur le sujet. D’autant que ce document, que le chef de l’État souhaite mettre en ligne sous peu, préconise des « signaux forts » pour contrer « le grand récit que proposent les islamistes » et susciter « l’adhésion de la population dans son ensemble et des Français de confession ou de culture musulmane en particulier ».

Ce qui pourrait passer, selon les auteurs du rapport, par la reconnaissance par la France de l’État palestinien ou par le développement de l’apprentissage de l’arabe à l’école. En revanche, la police du vêtement sur les tapis rouges du festival de Cannes ne figure pas dans les recommandations. Deborah Abisror-De Liem a finalement retiré son tweet et présenté ses excuses : « J’ai voulu aborder la mode du #modest qui se déploie sur les RS et concerne d’ailleurs différentes religions. Je l’ai fait maladroitement en citant en exemple une personne déjà largement ciblée par le harcèlement en ligne et c’était une erreur. » Pour rappel, la « modest fashion » à laquelle fait référence Deborah Abisror-De Liem n’est nullement rattachée à une religion en particulier : il s’agit tout simplement d’une tendance qui se veut plus pudique que d’autres, privilégiant les vêtements par exemple fluides ou oversizes.

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