La suspension de la réforme des retraites votée à l’Assemblée
POLITIQUE – N’en déplaise à LFI qui dénonçait une « mascarade », le Parti socialiste a décroché une victoire dans l’hémicycle ce mercredi 12 novembre, tout symbolique soit-elle en l’état. Les députés ont adopté dans l’après-midi l’article 45 bis du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, qui suspend jusqu’à fin 2027 la réforme des retraites adoptée via 49-3 par le gouvernement Borne en 2023.
L’article a été adopté grâce aux voix des élus socialistes, du groupe écologiste et social, et du Rassemblement national notamment. Au micro, Marine Le Pen a dénoncé « l’opportunisme » et les tergiversations des autres groupes estimant que le sien serait le seul à voter la suspension « la tête haute ». « Nous sommes lucides sur le faire que cette suspension ne sera pas une bonne nouvelle pour l’économie (…) mais nous sommes aussi lucide, nous ne voulons pas nous mettre en travers du compromis qui s’est construit entre le Premier ministre et le Parti socialiste » a défendu de son côté Gabriel Attal qui rappelait la position de son groupe : l’abstention.
Exigée par les socialistes pour ne pas censurer le gouvernement Lecornu, et introduite par lettre rectificative, la suspension de la réforme des retraites aura des effets en premier lieu sur la génération née en 1964. Elle partira à 62 ans et 9 mois (comme la précédente) au lieu des 63 ans prévus par la réforme, et avec 170 trimestres cotisés au lieu de 171.
Dans la matinée, le gouvernement avait déposé un amendement de dernière minute pour élargir cette suspension aux carrières longues et aux catégories « actives » et « superactives » de la fonction publique (pompiers, aides-soignantes…), ainsi qu’aux personnes nées au premier trimestre 1965. De quoi porter le coût de la suspension à 300 millions en 2026 et 1,9 milliard en 2027.
Reste qu’il y a encore beaucoup à faire, l’examen du PLFSS à l’Assemblée s’achève ce mercredi à minuit. Il sera ensuite transmis au Sénat, dominé par la droite. Même si le gouvernement a promis de transmettre le texte avec les amendements qui auront été votés, Gérard Larcher son président a promis de son côté de rétablir la réforme.


