Politique

La tombe de Robert Badinter profanée avant son entrée au Panthéon, Macron dénonce une « honte »

POLITIQUE – La mémoire de Robert Badinter a été salie. Quelques heures avant son entrée au Panthéon, la tombe de l’ancien ministre de la Justice, resté dans l’Histoire pour avoir aboli la peine de mort aux côtés de François Mitterrand en 1981, a été profanée ce jeudi 9 octobre. Selon un communiqué du tribunal judiciaire de Nanterre, les mots « Éternelle est leur reconnaissance, les assassins, les pédos, les viols, la RÉPUBLIQUE le sanctifient » ont été découverts sur son tombeau, situé dans le cimetière de Bagneux (Hauts-de-Seine).

Mort en février 2024 à l’âge de 95 ans, Robert Badinter s’est battu toute sa vie pour les droits humains au nom d’un universalisme républicain qu’il avait chevillé au corps. On lui doit, parmi tant d’autres combats, la dépénalisation de l’homosexualité.

« Honte à ceux qui ont voulu souiller sa mémoire, s’est indigné Emmanuel Macron sur X. Ce soir, il entrera au Panthéon, demeure éternelle de la conscience et de la justice. La République est toujours plus forte que la haine ». Dans son communiqué, le parquet de Nanterre indique avoir ouvert une enquête de flagrance du chef de profanation de sépulture, confiée à la Sûreté territoriale des Hauts-de-Seine. Elle devra déterminer qui est à l’origine de ces agissements.

« Acte ignoble et honteux »

Pour la patronne des Écologistes Marine Tondelier, « l’obédience politique de l’auteur de cet acte révoltant » ne fait aucun doute. « La bataille contre l’obscurantisme n’est jamais gagnée et nous devons poursuivre les combats de Robert Badinter », explique-t-elle.

Le chef de file des socialistes à l’Assemblée Boris Vallaud dénonce, de son côté, « un acte ignoble et honteux », assurant que « l’extrême droite a toujours combattu Robert Badinter pour ce qu’il défendait, de l’abolition de la peine de mort à la dépénalisation de l’homosexualité, autant que pour ce qu’il était. Elle continue de salir sa mémoire ». « Ignoble agression d’extrême droite contre la tombe de Robert Badinter. Ça suffit », a vivement condamné Jean-Luc Mélenchon, pour qui « la France c’est Robert Badinter ». « La République doit châtier sans hésiter ceux qui la provoquent », a ajouté le fondateur de La France insoumise

L’ancien ministre de la Justice entre au Panthéon à une date symbolique, ce 9 octobre étant le 44e anniversaire de la promulgation de la loi historique abolissant la peine de mort. La cérémonie sera présidée par Emmanuel Macron à partir de 18 h 40, et s’articulera autour des différents événements qui ont jalonné la vie de Robert Badinter, de la déportation de son père dans un camp de Pologne à sa défense acharnée de l’idéal républicain. Au cimetière de Bagneux, il repose dans le carré juif auprès de son beau-père Marcel Bleustein-Blanchet et sa grand-mère maternelle, Idiss, à qui il a consacré un livre éponyme.