Politique

L’abrogation de la réforme des retraites par le RN fait pschit

POLITIQUE – Un fiasco sur le fond et la forme. Le Rassemblement national a échoué à faire adopter, ce jeudi 31 octobre, sa proposition de loi visant à abroger la réforme des retraites, qui était examinée dans le cadre de la niche parlementaire du parti d’extrême droite. Au-delà de l’issue prévisible de cette journée, les débats ont donné lieu à des échanges houleux entre les députés du RN et leurs opposants, entre « name and shame », rappel des origines du parti cofondé par Jean-Marie Le Pen et innombrables rappels au règlement.

Après le détricotage du texte en commission des Affaires sociales, puis le rejet d’amendements-clé par Yaël Braun-Pivet pour irrecevabilité financière, la proposition de loi du RN pour « restaurer un système de retraite plus juste » n’avait aucune chance d’aboutir dans l’hémicycle. Mais en dépit de ces revers successifs, le groupe dirigé par Marine Le Pen tout de même décidé de maintenir sa proposition de loi afin qu’elle soit débattue en séance. Et sans surprise, avec 197 voix contre et 119 pour, c’est un hémicycle bien rempli qui a définitivement enterré la proposition des troupes de Marine Le Pen.

Pour rappel, la proposition de loi n’avait de toute façon aucune chance d’aller au-delà de l’Assemblée nationale, le Rassemblement national n’ayant pas de groupe au Sénat pour continuer la navette parlementaire.

Pinocchio, « méthode de voyous » et « respectabilité » abîmée du RN

L’examen de la PPL a commencé en début de matinée et s’est achevé dans l’après-midi. Soit de longues heures de débat consacrées à un texte voué à l’échec, au détriment des autres propositions mises à l’ordre du jour par le RN. « Nous venons de passer près de cinq heures pour rien. Pour quelle utilité avez-vous maintenu cette proposition de loi vidée de sa substance ? », a d’ailleurs interrogé le député Droite Républicaine Thibault Bazin peu de temps avant le vote final. Un constat partagé par des élus de tous bords, navrés de la teneur des échanges.

Car si les députés ont discuté système des retraites par répartition, âge de départ, nombre d’années de cotisation, financement, « natalité », les échanges ont souvent frôlé l’inaudible. Au point que la présidente de séance Naïma Moutchou (Horizons) a alerté sur le niveau sonore dans l’hémicycle, mesuré en début de séance à 80 décibels soit « le double de la moyenne » recommandée.

Outre l’échec sur ce texte, l’examen de la première proposition de loi du RN a aussi écorné l’image lisse et raisonnable que revendiquent les troupes de Marine Le Pen depuis le début de la législature. En cause principalement : le choix du rapporteur Thomas Ménagé de prendre à partie les élus du NFP qui refusaient de soutenir le texte du RN alors même qu’ils réclament également l’abrogation de réforme contestée. « Je vais vous donner les noms de ceux qui empêchent l’abrogation ce matin », a lancé le député du Loiret avant de passer à l’acte.

Brouhaha dans l’hémicycle et indignation générale. « La délation est une grande tradition de l’extrême droite et du RN que vous continuez dans l’hémicycle », a rétorqué la cheffe du groupe Écologistes Cyrielle Chatelain. « Votre parti a été fondé par des SS », a aussi tonné le député EPR Pierre Cazeneuve, quand le socialiste des Bouches-du-Rhône Marc Pena a accusé Thomas Ménagé de « contribuer à ce que cette assemblée tourne au ridicule ».

Le MoDem Richard Ramos, élu du Loiret comme Thomas Ménagé, s’est lui lancé dans une longue tirade visant son voisin de circonscription. « Vous êtes un Pinocchio, un menteur ! Dans votre circonscription, dans notre département, vous avez mis ma photo, (distribuée) à des millions d’exemplaires, disant que je n’avais pas voté un texte qui n’était pas encore arrivé ! » a-t-il tonné. Et d’enfoncer le clou : « J’avais un peu de respect, mais aujourd’hui c’est le Front national qui revient. Ce sont des méthodes de voyous, vous êtes un voyou, vous êtes un menteur ! La respectabilité de Front National, c’est terminé ! », a-t-il conclu sous les applaudissements nourris du camp présidentiel et des élus NFP.

Même la présidente de séance a vu dans cette énumération de noms une « provocation de monsieur le rapporteur » Ménagé. « C’est une piètre image de l’Assemblée nationale qui est donnée. Tout cela n’est pas à la hauteur », a-t-elle ajouté à propos cette fois du niveau des débats dans leur ensemble.

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