Politique

L’amendement abrogeant la réforme des retraites rejeté par le bloc central et le RN

POLITIQUE – Si l’issue du vote a privé le Nouveau Front populaire d’une victoire symbolique, elle lui offre sur un plateau de quoi dézinguer le Rassemblement national. Ce mardi 29 octobre, alors que les députés examinaient, dans le cadre du PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale), un amendement visant à revenir sur le report de l’âge légal de départ en retraite, le groupe présidé par Marine Le Pen – qui prétend vouloir abroger la réforme – a associé ses voix à celles du bloc central pour empêcher son adoption.

Dans le détail, l’amendement a recueilli 232 voix contre et 182 voix pour. Si la position du bloc macroniste et de ses alliés n’a rien de surprenant, celle de la formation d’extrême droite est plus étonnante. Et pour cause : le RN a prévu dans sa niche parlementaire, prévue ce jeudi 31 octobre, une proposition de loi (PPL) visant à abroger la réforme. Et c’est donc pour ne pas se faire doubler par le NFP dans l’hémicycle que les troupes lepénistes se sont opposées à cet amendement. Sans surprise, la gauche s’en donne à cœur joie.

« Marine Le Pen est une menteuse »

« Le RN et la droite alliés votent contre notre amendement qui permettait l’abrogation de la réforme des retraites », s’est indigné le député socialiste Arthur Delaporte. « Voilà des semaines que le RN joue la grande comédie du combat contre la réforme des retraites. Mais à votre avis, qui, à l’instant, a voté contre l’abrogation de la loi portant la retraite à 64 ans alors que nous proposions de le faire par amendement ? », a interrogé ironiquement l’insoumise Aurélie Trouvé, par ailleurs présidente de la commission des affaires économiques.

« Marine Le Pen est une menteuse et une hypocrite. Son groupe vote contre l’abrogation de la réforme des retraites. L’extrême droite n’a jamais été du côté des droits sociaux. Elle le prouve une fois de plus. Souvenez-vous en ! », a renchéri l’écolo Benjamin Lucas, tandis que les états-majors de tous les partis du NFP diffusaient des visuels pour dénoncer « l’arnaque » du parti d’extrême droite.

Pour tenter d’éteindre l’incendie, le RN se défend en affirmant qu’un amendement sur PLFSS ne pouvait pas atteindre l’objectif de l’abrogation. « Cet amendement n’abroge pas la réforme des retraites. Il crée une cotisation. Éric Coquerel l’a reconnu. Communication mensongère, qui vise à faire contre-feu », a par exemple répliqué l’élu lepéniste Matthias Renault. Cela en faisant valoir que le président insoumis de la Commission des Finances, Éric Coquerel, a lui-même reconnu qu’un amendement de suppression simple serait retoqué par l’article 40 de l’Assemblée. Sauf que ce n’est pas tout à fait de cette façon que l’amendement a été rédigé.

Contournement

« Afin de contourner le fameux article 40 qui nous empêche d’abroger purement et simplement la réforme des retraites, on a écrit cet amendement qui apporte un financement au système de retraite autre que le report de l’âge légal », souligne à ce propos une source parlementaire socialiste auprès du HuffPost. « Si on doit en effet adapter l’écriture de notre amendement afin de contourner les règles de recevabilité qui sont très strictes, l’objet de l’amendement est néanmoins très clair », poursuit notre interlocuteur, qui ajoute : « Cet amendement de financement est d’autant plus intéressant que le RN, lui, dans sa fameuse PPL ne propose aucune piste de financement alternatif. »

En effet, le RN propose comme « gage » (soit le dispositif visant à financer la mesure) une taxe additionnelle sur le tabac. Soit exactement le motif qui avait permis à Yaël Braun-Pivet d’activer l’article 40 lors de l’examen d’une proposition de loi similaire en mai 2023. Ainsi, si on suit la logique de Matthias Renault, qui assure conditionner son vote à la recevabilité de la mesure, il ne devrait pas voter la PPL de son propre groupe visant à abroger la réforme des retraites jeudi.

À voir également sur Le HuffPost :

La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies “Contenus tiers” en cliquant sur le bouton ci-dessous.