L’Assemblée relance dans l’émotion cette commission chère à Judith Godrèche
POLITIQUE – Comme une seule femme. L’Assemblée nationale a relancé ce mercredi 9 octobre la commission d’enquête sur les violences commises dans l’univers de l’audiovisuel, mise en pause après la dissolution. Fait rare dans un hémicycle plus divisé que jamais, la proposition de résolution a été adoptée à l’unanimité à l’issue d’une séance pleine d’émotion et en présence de l’actrice Judith Godrèche.
« Il est temps d’agir », a lancé depuis la tribune le député MoDem Erwan Balanant, membre de la commission des Affaires culturelles et président de la première commission d’enquête lancée en mai. « Les premières auditions nous avaient permis de mettre en évidence le caractère systématique de certaines dérives. Elles avaient aussi poursuivi et amplifié le mouvement de libération de la parole en offrant (…) un espace d’expression bienveillant. De premières pistes de solution avaient commencé à se faire jour. Il est donc aujourd’hui impératif que nous poursuivions ce travail afin d’émettre des recommandations et propositions d’évolution législative », a plaidé le député des Côtes-d’Armor.
Avec succès : avec 226 votes pour, sur 226 exprimés, l’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité la proposition de résolution visant à relancer la commission d’enquête, désormais élargie aux « secteurs de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité ».
L’émotion de Sarah Legrain et Judith Godrèche
« Bravo à vous », a lancé la présidente Yaël Braun-Pivet alors que les députés se levaient et se tournaient en applaudissant vers la tribune où se trouvaient Judith Godrèche et Francesca Pasquini, ex-députée écologiste et rapporteure sous la précédente législature. L’actrice, dont les révélations contre les cinéastes Benoît Jacquot et Jacques Doillon ont « provoqué une véritable onde de choc dans le monde de la culture » selon Erwan Balanant, était visiblement émue en tribune.
La séance a aussi été marquée par la prise de parole de Sarah Legrain, députée LFI de Paris. C’est la voix tremblante que l’élue a pris la parole pour souligner la diversité des profils des violeurs, présents « partout ». « Ils sont de célèbres acteurs, rappeurs, YouTubeurs, présentateurs, réalisateurs. Ils sont aussi nos amis, nos voisins, nos frères, nos pères. Ils sont des bandes de jeunes, de vieux magistrats. Ils sont de bons pères de famille. Alors pas tous des violeurs certes, mais des violeurs partout », a-t-elle déclamé en tribune, en référence aux nombreuses affaires de viols et agressions sexuelles révélées depuis les vagues #MeToo filles et garçons et désormais examinées par la justice pour certaines.
S’interrompant un instant, elle a reçu le soutien de ses collègues sous forme d’applaudissements. « C’est donc notre affaire à tous. Chacun et chacune d’entre nous, a fortiori comme parlementaire, a le devoir de se demander comment ça arrive, encore et toujours », a-t-elle poursuivi.
Depuis les révélations de Judith Godrèche et son dépôt de plainte contre Benoît Jacquot et Jacques Doillon, d’autres actrices dont Isild Le Besco ont également pris la parole pour dénoncer des faits similaires et une enquête pour viol sur mineur de 15 ans a été ouverte contre le cinéaste Benoît Jacquot. Les deux hommes ont été entendus sous le régime de la garde à vue en juillet 2024. Ils nient tous les deux les faits qui leur sont reprochés.
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