Politique

L’astuce des communistes pour remettre la réforme des retraites au menu de l’Assemblée

POLITIQUE – « Contrairement à ce que disent Emmanuel Macron et son camp, les Français n’ont pas tourné la page de la réforme », veut croire le député PCF Stéphane Peu. Ce jeudi 5 juin, les élus communistes ont décidé de remettre au menu de l’Assemblée un sujet que la gauche, non plus, n’a toujours pas digéré depuis deux ans : l’adoption de la réforme des retraites par 49.3.

À l’occasion de leur niche qui s’ouvrira dès 9 heures, les élus du PCF défendront une proposition de résolution pour abroger les deux mesures phares de la réforme des retraites : la durée de cotisation, et la mesure d’âge. Le premier objectif défendu est clair : permettre aux élus de l’hémicycle de se prononcer, « enfin », sur le fond de ce texte : « il s’agira du premier vote de l’Assemblée sur cette réforme », explique au HuffPost, Stéphane Peu.

Sur le fond, de fait, car sur la forme la proposition de résolution reste avant tout symbolique. Outre qu’il faudra que les débats aillent à leur terme avant qu’elle soit éventuellement adoptée, elle n’est pas contraignante, et n’est qu’un simple « avis » des députés.

L’avantage de cet outil législatif c’est qu’il n’a pas besoin de passer en commission au préalable et qu’il n’est pas possible de déposer des amendements dessus. Exit donc la possibilité pour les macronistes ou la droite de faire éventuellement de l’obstruction. Comme ça avait été le cas lors de la niche insoumise (au prix de scènes surréalistes).

Mettre la pression sur le conclave des retraites

En novembre dernier, le groupe de Mathilde Panot avait déposé cette fois une proposition de loi visant à abroger la réforme des retraites, à l’occasion de sa niche parlementaire. Une soirée marquée par des débats violents et qui s’était achevée dans une atmosphère tendue et sans vote face aux centaines d’amendements mis en discussion.

Un mois avant, le RN avait déjà proposé une abrogation de la réforme pour sa niche parlementaire mais le texte s’était retrouvé détricoté en commission. Les élus communistes qui estiment ainsi « avoir déjoué le piège de l’obstruction », veulent créer « un événement politique » à travers ce vote. « Ça va peser sur le gouvernement et nous lui demanderons de prendre des mesures dans le sens de la résolution votée », défend Stéphane Peu. Si la gauche devrait la voter, les regards se tournent désormais vers le RN : votera-t-il une résolution venant des communistes ?

Deuxième objectif de Stéphane Peu, « donner une indication avant la fin de conclave » sur les retraites et qui touche à sa fin. Sauf énorme surprise, il n’y a aucune chance que celui-ci aboutisse à une abrogation de la réforme de 2023 comme la gauche et la CGT le réclamaient. « Mais François Bayrou a promis de revenir devant le Parlement avec un débat sur les retraites après », rappelle le député.

La secrétaire générale de la CFDT qui a poursuivi pendant de longues semaines les discussions avec le patronat ne désespère pas en revanche de parvenir à un accord sur la pénibilité notamment, mais aussi de pouvoir permettre aux femmes qui ont eu des enfants de partir plus tôt. Le conclave doit s’achever d’ici 15 jours et d’ici là la pression devrait se poursuivre. Outre la niche parlementaire, ce jeudi sera également marqué par un appel à la mobilisation et à la grève venant de la CGT.