Le calcul très politique de François Bayrou avec ses vidéos YouTube sur le budget

POLITIQUE – Peu après l’heure de la sieste, François Bayrou est apparu sur YouTube. En plein mois d’août, alors qu’une partie des Français a la tête en vacances, le Premier ministre compte se rappeler à leur bon souvenir. Il lance, ce mardi 5 août à 17h, une série de podcasts intitulée FB Direct destinée à mieux faire passer la pilule du budget.

Les mesures annoncées pour l’an prochain sont draconiennes. La suppression de deux jours fériés, le gel des prestations sociales, le non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois ou la baisse de 5 milliards d’euros du budget pour la santé ont de quoi faire tousser les Français. Selon un sondage Ifop, 72 % d’entre eux jugent d’ailleurs que les efforts demandés ne sont pas « équitablement » répartis.

Le chef du gouvernement a donc fort à faire. S’il revendique de ne pas prendre de vacances et de rester tout l’été à Paris, en assurant un ou deux déplacements par semaine comme le 7 août en Charente-Maritime, François Bayrou entend garder le lien avec les Français, de peur qu’il ne se brise trop rapidement. Car le patron du MoDem se sait sur un siège éjectable : sans majorité absolue, pris en tenaille par les oppositions, il pourrait être censuré dès la rentrée.

Il abat donc là ses dernières cartes. « C’est un moment si crucial que je ressens le besoin de parler en direct avec les Français. Pour que chacun d’entre eux, personnellement, se forge une opinion », défendait-il dans Le Parisien. Une posture qui n’est pas sans rappeler les tête-à-tête « au coin du feu » que tenait chaque mois Valéry Giscard d’Estaing au début de son mandat. L’objectif était, déjà à l’époque, de vendre un paquet de réformes économiques salées.

Se passer des questions des journalistes

François Bayrou profite du calme politique actuel pour s’inviter dans le quotidien des Français. Combien seront-ils à l’écouter disserter sur « la nécessité de désendetter le pays » ce mardi après-midi ? Sur la plage, au bord de la piscine, en montagne, dans leur jardin ou en voiture, les Français auront-ils de longues minutes à consacrer à l’écoute du podcast bayrouesque ? Une trentaine de minutes après sa mise en ligne, le premier épisode d’une durée de 8 minutes avait été vu près de 2000 fois.

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L’ambition du maire de Pau est d’outrepasser les questions éventuellement gênantes de journalistes pour s’offrir un moment privilégié avec l’opinion. Sans vraiment lâcher du regard les partis politiques, qui auront la responsabilité à la rentrée de le renverser… ou au contraire de le maintenir en poste, comme ont su le faire jusque-là le Rassemblement national et le Parti socialiste.

Un pari hasardeux ?

« Je n’ai pas l’impression que la classe politique soit, sauf exception, sur le point d’assumer cette responsabilité [approuver le plan de 44 milliards d’euros d’économies]. Mais les Français, peut-être. Et comme on a tout le mois d’août et le début du mois de septembre, on a là une période de temps qui peut être utile à une telle prise de conscience », veut-il croire, toujours dans Le Parisien.

Mais se déployer sur YouTube, espérant là atteindre un public plus jeune, sera-t-il suffisant ? François Bayrou est confronté à une baisse historique de sa cote de popularité (au plus bas à 11 %), à un effritement du « socle commun », à une volonté du RN et du PS de le renverser et à un mécontentement toujours plus important face à ses propositions. Selon un sondage YouGov pour le HuffPost, 79 % des Français sont ainsi opposés à la suppression du lundi de Pâques et du 8 mai. Le calcul fait par le Premier ministre, en plein cœur de l’été, est donc bien hasardeux.