Le Grand chancelier justifie l’exclusion de Nicolas Sarkozy de la Légion d’honneur
POLITIQUE – La règle, rien que la règle. Le Grand chancelier de la Légion d’honneur, François Lecointre, s’est exprimé pour la première fois dans une tribune publiée ce mardi 24 juin dans Le Figaro depuis qu’il a décidé d’exclure Nicolas Sarkozy de l’ordre de la Légion d’honneur.
Il y décrit une décision prise au nom « des devoirs de sa charge » : « Je n’ai trouvé aucun argument juridique qui puisse me convaincre d’accorder au président Sarkozy une immunité qui tiendrait à sa qualité d’ancien grand maître de l’ordre (ex-chef de l’État, ndlr) », écrit l’ancien chef d’état-major des armées. Un argument qui a alors prévalu sur « le souhait exprimé publiquement par le président de la République de ne pas voir sanctionné son prédécesseur ».
Le général a signé l’arrêté, publié le 15 juin, qui a exclu Nicolas Sarkozy de la Légion d’honneur et de l’Ordre national du mérite en raison de sa condamnation, devenue définitive, à un an de prison ferme pour corruption dans l’affaire des écoutes. Une décision totalement assumée par le général, qui récuse toute accusation d’« obscur calcul politique », relevant du « pur complotisme ».
Une sanction automatique, et pas politique
Cette sanction, sur laquelle Emmanuel Macron avait exprimé des réserves, était automatique aux termes du code de la Légion d’honneur qui prévoit un retrait en cas de condamnation à une peine égale ou supérieure à un an ferme.
S’estimant « garant » de la règle, François Lecointre martèle avoir agi en suivant cette unique boussole. « L’ancien soldat que je demeurerai toute ma vie est, comme tous ses semblables, viscéralement attaché à la règle, même si elle l’empêche », assure-t-il dans Le Figaro.
Une décision inédite pour un ex-chef de l’État depuis le maréchal Pétain en 1945 qui a suscité un torrent de critiques à droite et fait naître des interrogations sur une réforme du code de la Légion d’honneur adoptée en janvier qui aurait permis, selon certains, à l’actuel président de ne pas avoir à intervenir dans la procédure de sanction.
Cette modification « n’a en rien, contrairement à ce qu’on a pu lire ici ou là, changé la règle de l’exclusion de droit d’un membre de l’ordre, pas plus qu’elle n’a exonéré le grand maître (le chef de l’État, ndlr) d’un pouvoir de décision qu’il n’a jamais eu en cette matière », assure le Grand chancelier.