Politique

Le meurtre dans le Var rappelle aux politiques la réalité de la menace d’extrême droite

POLITIQUE – Les idées de l’extrême droite peuvent amener à tuer en France. Ce n’est ni CNews ni le JDD qui le disent, mais les faits, nourris par différents services spécialisés comme la DGSI et Europol. Le 31 mai, Hichem Miraoui, un coiffeur de 46 ans originaire de Tunisie, a été abattu devant son domicile de Puget-sur-Argens dans le Var. Un mois seulement après le meurtre d’Aboubakar Cissé dans une mosquée du Gard, ce nouvel assassinat agit comme un révélateur de la montée de la violence raciste.

Surtout, il montre l’ampleur de la menace que constituent les idées d’extrême droite lorsqu’elles poussent un meurtrier à passer à l’acte. Le suspect, Christophe B., était un fervent admirateur de Jean-Marie Le Pen. Sur les réseaux sociaux, son profil est clairement « pétri d’obsessions racistes et abreuvé d’idéologie d’extrême droite », relève Libération, qui note qu’il possédait chez lui des armes et qu’il qualifiait les personnes maghrébines de « bicots », un terme injurieux et raciste.

Pour les personnalités politiques, impossible de détourner le regard. « La libération de la parole raciste dans la sphère politico-médiatique amène à la multiplication insupportable de drames. Il est temps de prendre conscience de la menace que représente le terrorisme d’extrême droite avant que cela ne devienne la nouvelle normalité », a exprimé la secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier, quand le fondateur de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a dénoncé « un infâme meurtre raciste », appelant à ne pas « laisser l’officialité attiser la haine raciste en la légitimant ».

« La mouvance d’ultradroite fragilise nos piliers fondamentaux »

Mais au-delà des rangs de la gauche, habituée à se mobiliser contre le racisme et l’islamophobie, il est intéressant de noter que des responsables de droite ou du centre sont obligés de reconnaître la réalité de la menace de l’extrême droite. Ainsi, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau s’est vu contraint de dénoncer un acte « prémédité », expliquant lors de la séance de Questions au gouvernement organisée à l’Assemblée nationale ce mardi 3 juin : « ce crime est signé, c’est clairement un crime raciste, sans doute aussi antimusulman, et peut-être terroriste ». Pour le Vendéen, catholique assumé, venu des franges radicales de la droite qui a grandi en politique aux côtés de l’ultraréac Philippe de Villiers, « le racisme ce n’est pas la France, c’est un poison qui tue. C’est un crime barbare, bien sûr ».

D’autant qu’en plus du meurtre d’Hichem Miraoui, ces derniers jours ont aussi été marqués par l’attaque d’un bar communiste à Alès (Gard) ou la descente d’un groupuscule néofasciste lors d’une conférence à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).

Autant d’évènements qui laissent penser que l’extrême droite représente plus que jamais une menace pour la sécurité des Français. « La mouvance d’ultradroite, forte d’environ 2 000 personnes, est l’une de celles qui fragilisent nos piliers fondamentaux, reconnaissait le directeur général de la Sécurité intérieure sur les différentes menaces terroristes Nicolas Lerner auprès du Monde en 2023. Le risque terroriste qu’elle engendre est allé croissant ces dernières années ».

Au sein de l’Union européenne, la France est même le pays le plus exposé. Depuis 2017, neuf projets d’attaques terroristes d’extrême droite ont été déjoués, et des dizaines de personnes interpellées. Des chiffres en forte augmentation ces dernières années. Signe de cette évolution : le Parquet national antiterroriste s’est autosaisi ce mardi de l’assassinat d’Hichem Miraoui, une première pour un meurtre lié à l’extrême droite.