Le ministère de l’Agriculture coupe (drastiquement) dans les budgets de l’Agence Bio
POLITIQUE – Le bio n’est pas une priorité du gouvernement, et il ne s’en cache pas. Le ministère de l’Agriculture annonce ce mardi 20 mai la suppression de 15 millions d’euros normalement dévolus à l’Agence Bio en 2025. Les 5 millions d’euros dédiés à sa communication, ainsi que 10 millions d’euros initialement fléchés en soutien à des projets agricoles, ont été annulés.
Objectif affiché : faire des économies. « Dans un contexte budgétaire compliqué avec le tarissement du plan de relance et de la planification écologique, le ministère priorise les crédits sur la structuration de la filière en concertation avec les professionnels », indique l’entourage d’Annie Genevard auprès de l’AFP.
S’agissant de la communication, les cinq millions d’euros devaient servir à financer une campagne de publicité intitulée « C’est bio la France », qui doit être lancée en grande pompe… dans deux jours, à l’occasion des 40 ans du label bio. Cette promotion à grande échelle devait permettre de relancer la consommation de produits issus de l’agriculture biologique, au plus bas à cause notamment de l’inflation.
Bizarrement, cette coupe drastique dans les budgets intervient quelques semaines après une polémique, révélée par Libération. Le ministère de l’Agriculture avait demandé à modifier un spot publicitaire pour remplacer le couscous par un cassoulet. Consigne avait aussi été donnée de recourir à un « casting causasien » alors qu’un acteur métis devait au départ apparaître. La ministre n’a jamais démenti ces informations, expliquant seulement que la campagne avait pour ambition de « parler à tous » et de représenter « tous les Français ». Chacun jugera du choix des termes.
Une audition au Sénat le 22 mai
Le budget 2024 ayant été intégralement dépensé, l’agence ne sait pas comment elle continuera son travail de promotion du bio. Plus globalement, elle demeure dans l’incertitude quant à son avenir. L’instance est par ailleurs sans cesse critiquée par la droite et l’extrême droite, qui cherchent à s’inspirer de la tronçonneuse du président Javier Miliei qui sabre les dépenses publiques.
Emmanuel Macron lui-même n’a jamais cherché à soutenir la filière. Dès son arrivée au pouvoir en 2017, il avait supprimé l’aide au maintien à l’agriculture bio. L’an dernier, lors de son déplacement au Salon de l’Agriculture, le Président avait boudé le stand de l’Agence bio, malgré les treize heures passées sur place, et n’avait pas trouvé le temps d’aborder la question lors de ses nombreuses discussions avec ses interlocuteurs.
Le 22 mai, la directrice de l’Agence bio Laure Verdeau sera auditionnée au Sénat par la commission d’enquête sur les missions des agences de l’État. Nul doute qu’elle reviendra sur ces coupes sans précédent, qui remettent en cause l’existence même de sa structure.
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