Le Pen et Bardella maintiennent la pression sur Barnier, malgré sa grosse concession
POLITIQUE – Le doigt dans l’engrenage ? Quelques minutes après l’annonce de Michel Barnier concernant la hausse (finalement annulée) des taxes sur l’électricité, le Rassemblement national fait comprendre au Premier ministre qu’il en attend davantage.
Pourtant, le locataire de Matignon pensait sans doute avoir franchi une première grosse étape ce jeudi 28 novembre vers la survie de son gouvernement. Après des jours à rechigner, il a finalement reculé sur l’électricité, la première revendication des lepénistes désireux de le faire chuter dans quelques jours. Un rétropédalage à 3 milliards d’euros, coûteux, donc, pour un Premier ministre qui fait du rétablissement des comptes publics sa priorité.
Qu’à cela ne tienne, « nous ne pouvons en rester là », réplique Jordan Bardella sur les réseaux sociaux ce jeudi après-midi, saluant toutefois une « victoire » sur l’électricité. Concrètement, le Rassemblement national maintient toutes ses « lignes rouges » et fait désormais monter les enchères.
Marine Le Pen en rajoute une couche dans un entretien au Monde publié ce jeudi. « Il y a encore des difficultés. Nous sommes jeudi. Il a jusqu’à lundi [2 décembre] », indique la figure de proue du parti d’extrême droite au quotidien du soir. Et de maintenir son intention de voter la censure du gouvernement en début de semaine s’il ne recule pas sur ses l’intégralité de ses « lignes rouges ».
Bardella maintient la pression
Dans la liste de courses du président du Rassemblement national, on retrouve par exemple le déremboursement supplémentaire de médicaments, une « mesure inacceptable alors que des millions de Français renoncent à se soigner faute de moyens. » L’eurodéputé cite également l’AME (l’Aide Médicale d’État, honnie par la droite et l’extrême droite), un moratoire sur toute création ou hausse d’impôts et de taxe, ou encore la revalorisation intégrale des pensions de retraite sur l’inflation au 1er janvier prochain.
Ça, c’est pour les deux textes budgétaires de cet automne (finances de l’État et de la Sécurité sociale). Car après ce premier gain sur l’électricité, le parti d’extrême droite déroule ses revendications. Jordan Bardella répète donc, en plus des sujets économiques, la volonté du RN de voir aboutir un « sérieux tour de vis migratoire » mais également « pénal. »
Autant de mesures « rapidement applicables et attendues par une immense majorité de Français », poursuit Jordan Bardella, avant d’ajouter : « il reste quelques jours » au Premier ministre pour les écouter, et y répondre. Une façon de relever encore le niveau de pression (déjà haut) sur Matignon.
Il faut dire qu’avec la progression de l’examen du budget, le spectre d’une motion de censure se rapproche. Le parti d’extrême droite pourrait mettre sa menace à exécution dès la semaine prochaine, avec le retour du texte sur le financement de la Sécu à l’Assemblée. Le gouvernement va probablement faire usage de l’article 49.3 pour l’imposer sans vote, ce qui ouvrira la voie au dépôt d’une motion pour le faire chuter.
Barnier peut-il encore reculer ?
Que fera alors le Rassemblement national ? Pour l’instant, l’épée de Damoclès n’est pas levée, malgré le recul majeur de Michel Barnier sur l’électricité, comme le montrent bien les différentes réactions ce jeudi après-midi. Dans un communiqué, le Rassemblement national explique ainsi que le budget de la Sécu ne peut lui convenir en l’état. Ceci, même si le parti a déjà intégré l’annulation de la hausse des taxes sur l’électricité, selon ce texte publié quelques minutes avant l’annonce du Premier ministre.
Dès lors, il reste effectivement quelques heures au gouvernement pour décider de prendre en compte les autres demandes du Rassemblement national (sur les médicaments ou les pensions sur l’inflation) ou risquer un plantage rocambolesque à l’Assemblée nationale. Mais dans un contexte financier périlleux, après de nombreux reculs pour ménager la droite (sur les retraités) ou les macronistes (sur les entreprises), tout nouveau rétropédalage coûtera cher. D’autant que les revendications du Rassemblement national sont parfois contradictoires avec celles du « socle commun » censé soutenir le Premier ministre.
Pour apaiser la colère des macronistes, cette fois-ci, Michel Barnier a effectivement revu son dispositif sur les charges des entreprises. Il souhaitait, au total, récupérer 4 milliards d’euros d’allégements. Il a finalement réduit la voilure à 1,6 milliard. Problème : si le Rassemblement national est plutôt favorable à ce principe, il réclame des garanties sur les futures créations d’emploi. À l’inverse, les annonces de Michel Barnier sur l’AME dans Le Figaro – il explique vouloir « sensiblement » baisser les soins pris en charge – peuvent créer des remous chez ses rares alliés venus de la gauche.
Enfin, une autre revendication lepéniste dépeinte en « ligne rouge » par les dirigeants du parti, posera sans nul doute problème à Michel Barnier et ses troupes : le fait de négocier avec Bruxelles « une baisse de la contribution de la France au budget de l’Union Européenne. » Inacceptable pour l’ancien homme fort de l’Europe lors du Brexit, lequel se présente encore aujourd’hui comme « patriote et européen. » À moins que ?
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