Politique

Le plan élevage veut remplir les objectifs climatiques… mais sans réduire le cheptel

ENVIRONNEMENT – Une équation (très) difficile. À l’occasion du Salon de l’agriculture, ce dimanche 25 février, le gouvernement a présenté un plan élevage visant à enrayer la baisse du cheptel français, liée principalement aux départs d’agriculteurs pour des raisons économiques, tout en maintenant ses ambitions climatiques.

Pour rappel, l’objectif climatique de la France, fixé dans le cadre de la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), vise la « neutralité carbone » d’ici à 2050, soit une absence totale de génération de gaz à effet de serre (GES). Et pour y parvenir, cette feuille de route indique que l’agriculture doit baisser ses émissions de GES de 46 % en moins de 30 ans.

Face à ce défi colossal, un rapport de la Cour des comptes de mai dernier, qui avait provoqué l’ire des agricultures, appelait l’État à « définir et rendre publique une stratégie de réduction du cheptel bovin », pour respecter ses engagements climatiques.

Un rapport de la Cour des comptes dit tout le contraire

En clair : il faudrait réduire sensiblement le nombre de vaches élevées sur le sol français, car elles contribuent directement au changement climatique. Lorsqu’elles digèrent, les vaches rotent et produisent du méthane (CH4). Ce gaz à effet de serre est particulièrement puissant et le deuxième plus important derrière le CO2.

Sauf que le plan élevage prévoit tout le contraire en décidant de stopper la réduction des cheptels bovins. Selon les projections actuelles du ministère de l’Agriculture, le cheptel bovin français pourrait refluer à environ 15 millions de têtes en 2035 (une baisse de 12 %) puis à 13,5 millions d’ici à l’horizon 2050.

« La réduction de la taille de notre cheptel d’élevage en France n’a jamais constitué et ne saurait constituer un objectif de politique publique », affirme ainsi le document.  « Les baisses d’émissions du secteur de l’élevage à l’horizon 2030 identifiées dans la planification écologique (…) peuvent être atteintes sans réduire la taille du cheptel par rapport à 2023, en agissant sur les autres leviers », comme l’alimentation animale, ajoute-t-il.

Une argumentation plus qu’étonnante alors que la Stratégie nationale bas-carbone, établie donc par le gouvernement, indique justement qu’une baisse de « 25 % du cheptel bovin laitier » et de « 33 % du cheptel bovin autre que laitier » permettrait de décarboner le secteur agricole d’ici 2050.

La consommation de viande ne « doit pas être stigmatisée »

Ce rétropédalage s’inscrit dans un contexte où la colère des agriculteurs est forte, et la préparation d’un grand plan destiné à soutenir l’élevage était l’une des principales revendications des syndicats du secteur.

Pour répondre au mieux à leurs attentes, l’État leur promet d’autres mesures, dont des avantages fiscaux et sociaux à hauteur de 150 millions d’euros pour les éleveurs bovins, un plan visant à fournir 400 millions d’euros de prêts garantis au secteur de l’élevage dès juillet, ainsi que la publication d’un décret fin février protégeant les dénominations utilisées pour désigner les denrées alimentaires d’origine animale.

Le gouvernement veut aussi obliger la restauration collective à intégrer dans ses menus 100 % des produits « durables et de qualité » pour les viandes et poissons. Ou encore « combattre les attaques injustifiées menées à l’encontre de l’élevage ». La consommation de viande par exemple ne « doit pas être stigmatisée », selon le plan.

Un groupe de travail interministériel se penchera par ailleurs sur les manuels scolaires « pour objectiver si des raccourcis conduisant à des stigmatisations ou informations inexactes à l’aune des connaissances scientifiques existantes sont présents, et le cas échéant, inviter à les corriger ». Sylvie Colas, qui a participé pour la Confédération paysanne à la présentation du plan, salue cette décision, estimant que ces derniers peuvent contenir des informations « influencées par les vegan ».

Sur la place des protéines animales dans nos assiettes, les rapports du Giec successifs rapportent en tout cas l’importance de réduire notre consommation de viande pour diminuer nos émissions de GES. Quant aux autorités de santé, elles recommandent de ne pas manger plus de 500 grammes de viande rouge par semaine. Aujourd’hui, un français en consomme en moyenne 700 grammes par semaine.

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