Politique

Le retour chaotique de Bayrou au conseil municipal de Pau

POLITIQUE – Il a suffi de quelques minutes pour que François Bayrou soit déjà de nouveau sous le feu des critiques. Vendredi 19 septembre, l’ancien Premier ministre présidait son premier conseil municipal à Pau (Pyrénées-Atlantiques) depuis son départ de Matignon. Il n’avait jamais vraiment quitté son fauteuil de maire, puisqu’il tenait à son ancrage local malgré ses responsabilités nationales. Si l’ordre du jour était a priori plutôt consensuel et ne présageait d’aucune montée de fièvre, l’ambiance a été volcanique.

Rapidement, François Bayrou a été rattrapé par l’affaire Bétharram, du nom de cet établissement scolaire catholique où ont été perpétrées des violences physiques et sexuelles durant des décennies, et à propos desquelles le maire de Pau est accusé d’avoir fermé les yeux, alors même qu’il était député de la circonscription puis ministre de l’Éducation nationale. Le scandale lui colle-t-il désormais à la peau ? Des habitants avaient fait le déplacement, devant la mairie ou dans le public, pour lui rappeler son manque de vigilance.

Pointé du doigt pour son « indifférence et son inaction » par l’opposition de gauche, François Bayrou a répondu que « l’affaire était faite pour le détruire ». « Je n’aurais pas dû m’en sortir, tellement c’était monté », a-t-il commenté, mettant en cause « l’accusation » de Mediapart, qui avait révélé l’affaire en janvier. « Je ne savais rien de Bétharram », a-t-il une nouvelle fois clamé, fidèle à sa ligne de conduite depuis le début, pourtant très critiquée.

Bayrou veut faire visiter son bureau, à 40 000 euros de rénovation

Selon le récit qu’en font Libération et Sud-Ouest, le patron du MoDem a aussi été ciblé pour le maintien, dans sa majorité, d’Alexandre Perez, qui est accusé d’avoir injurié et attaqué sous pseudo des victimes de l’établissement scolaire sur les réseaux sociaux. « Les plusieurs dizaines de messages que j’ai lus sont inacceptables, je l’ai dit à Alexandre Perez, mais il m’a dit qu’il n’en était pas l’auteur », a rétorqué François Bayrou.

Autre dossier sensible discuté lors de ce conseil municipal houleux : la rénovation du bureau du maire, confirmée cet été, pour un montant total de 40 000 euros. L’ex-Premier ministre est revenu de lui-même sur « la polémique dépassant le sommet du ridicule » et a vanté la « splendeur » de son espace de travail. La somme avait particulièrement interpellé, alors que dans le même temps, François Bayrou sommait les Français de se serrer la ceinture avec la présentation de son plan drastique de 44 milliards d’euros d’économies.

Dans un laïus plein d’ironie, il a proposé à chaque participant du conseil municipal de « regarder l’état du bureau », vidéo à l’appui montrant la vétusté de la climatisation ancienne ou la présence de taches d’humidité sur les plinthes. « Je vais organiser une visite pour tous ceux qui le voudront », a-t-il ajouté. Puis, s’adressant aux élus : « cela montre le degré d’absurdité, de bassesse auquel on peut arriver dans le débat politique. Alors ça a eu du succès. Tous les médias nationaux, grâce à votre action, ont été informés que le bureau du maire de Pau avait besoin de travaux d’électricité. Vous voyez un peu la zozoterie à laquelle on est conduit ».

En attendant, nul ne sait si François Bayrou sera candidat à sa succession puisqu’il entretient le mystère sur sa volonté (ou non) de se représenter aux municipales de mars 2026.